Le port de Mayotte est entré dans une nouvelle phase de turbulences. Le blocage n’est pas total mais ne vise qu’une compagnie, celle qui assure l’écrasante majorité du trafic portuaire. Une réunion a été organisée à la préfecture ce dimanche.
Les blocages du port de Longoni sont si fréquents que l’on y prête bien moins d’attention, à condition de ne pas travailler dans une entreprise ou un service qui dépend des livraisons et risque des ruptures de stock. A condition encore de ne pas gérer la pharmacie du CHM où des réunions de crises sont alors organisées, en lien avec l’ARS et la préfecture, pour éviter tout manque essentiel au bon fonctionnement de l’hôpital.
Ces blocages sont fréquents depuis qu’un conflit oppose deux entreprises qui travaillent dans l’enceinte portuaire. Et pourtant, cette fois-ci, il y a de l’innovation, ce qui n’a rien de particulièrement réjouissant. Depuis jeudi, les salariés de la SMART, qui s’occupent du chargement et du déchargement des containers des cargos, ont décidé de bloquer le quai N°2, celui qui accueille les plus gros navires. L’objectif: empêcher la société concurrente, Mayotte Channel Gateway (MCG), de travailler sur les navires de la compagnie CMA CGM.
Sur ce quai, un navire de la compagnie, bloqué jeudi, est finalement reparti vendredi soir, peu après 21 heures, après constats d’huissiers. Il a bien été déchargé mais il n’a pas pu être lesté des containers qui devaient quitter Mayotte. Ils sont restés à quai et le bateau est donc parti de notre île bien plus vide que prévu.
Le contrat de la discorde
La genèse de cette nouvelle crise se trouve dans la signature d’un contrat par le siège marseillais de la CMA CGM avec MCG. Jusqu’à ces derniers mois, la SMART avait le monopole de la manutention et n’avait pas de contrats formels avec les compagnies maritimes. Desservir le port de Longoni, c’était travailler avec elle. Mais depuis que MCG, qui a obtenu la délégation de service public (DSP) pour gérer l’infrastructure portuaire, a décidé de faire également une activité de manutention, les deux sociétés sont, de fait, en concurrence. Et le siège de CMA CGM a signé un contrat avec l’une d’elles pour normaliser son activité mahoraise et ainsi établir clairement les responsabilités dans le travail des uns et des autres.
Le problème pour la SMART est que CMA CGM a signé la manutention de ses containers avec MCG. Et comme la compagnie représente entre 10 et 14 rotations de navires par mois, contre 1 à 2 pour MSC, l’autre compagnie à desservir le port, la SMART perd, de fait, l’essentiel de son activité.
La MSC prise en charge
En bloquant le quai N°2, c’est donc le principal acteur du trafic maritime de Mayotte qui se retrouve dans l’impossibilité de travailler. Son concurrent MSC a pu, lui, faire entrer un bateau qui a été déchargé ce dimanche par les salariés de la SMART.
Combien de temps cette situation peut-elle durer ? «Aussi longtemps que nous n’aurons pas trouvé de solutions et que le préfet ne viendra pas débloquer la situation», indique la CFDT, mobilisée dans cette action au même titre que la CGT Ma.
Quel apaisement ?
La CMA CGM a dérouté un bateau vendredi car il n’appartenait pas en propre à la compagnie et le risque d’un blocage était trop grand et trop coûteux. Mais ce mercredi 20 janvier, un nouveau porte-container CMA CGM doit arriver à Mayotte. La question va donc se poser de sa prise en charge.
Ce dimanche matin, le préfet de Mayotte Seymour Morsy a rencontré, «entre autres» les représentants de MCG. «Quels que soient les sujets, je cherche toujours à concilier les points de vues», a-t-il fait savoir au JDM. De son côté, la société MCG n’a pas souhaité communiquer sur le contenu des échanges.
Le conseil départemental, enfin, est lui resté silencieux depuis le début de ces nouvelles tensions.
La question est à présent de savoir si la situation sera à nouveau un peu apaisée d’ici à mercredi.
RR
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