Ceux qui comptaient faire le plein de mangues à nounou ou de fruits de la passion en ont été pour leur frais ce lundi : les grilles du marché couvert de Mamoudzou étaient en effet cadenassées. Les commerçants en textiles avaient prévenu d’un mouvement de grogne contre une taxation de leurs entrants.
« D’habitude, nous revenons de Dubaï ou de Thaïlande avec nos marchandises, nous en mettons 40kg en soute et 10kg en bagage à main. Mais là, on n’a pas pu les récupérer à l’arrivée à Mayotte », se plaignaient les commerçantes qui bloquaient les accès du marché couvert de Mamoudzou.
Une délégation de commerçantes s’est rendue à la Douane où le directeur Denis Giligny les a reçues à 10h. Pour leur expliquer qu’il ne s’agissait pas d’un problème fiscal, mais règlementaire : « L’entrée de Mayotte dans l’Union européenne implique l’adoption de la réglementation internationale et communautaire sur la sécurité des transports aériens et maritimes », nous rapporte-t-il.
Pour contrer d’éventuels chargements illégaux, dangereux ou mettant en péril la sécurité de Etat, chaque transporteur doit déclarer à la Douane l’ensemble du fret commercial qu’il transporte. Un règlement qui fleure bon les US, mais auquel tout le monde doit se conformer.
Négocier auprès des compagnies aériennes
Cette traçabilité remonte jusqu’à Paris dans une cellule spécialisée, y compris pour nos commerçantes de retour de marché à Dubaï. Elles ne peuvent donc plus rapporter gratuitement en franchise bagage leur marchandise, « toute activité commerciale doit passer par ce circuit sécurisé ». Une réglementation plutôt déphasée avec les risques encourus par le transport de quelques salouvas, consent le directeur des Douanes, mais sur laquelle il ne peut agir.
Il avait auparavant demandé aux compagnies concernées d’en informer leur clientèle, « ça a été fait en novembre. » Il a donc incité les commerçantes à se faire entendre des compagnies dont elles sont bonnes clientes : « Elles peuvent demander une nouvelle franchise bagage ou un effort tarifaire. »
Un coût supplémentaire qu’elle doivent supporter face à une concurrence toujours aussi rude des ventes à la sauvette à l’extérieur du marché : « Je leur ai promis de mener des opérations conjoints avec la Dieccte, mais il faut le faire de façon pédagogique si l’on veut que ça évolue. »
Mais pour se faire entendre des Kenya Airways, Air Mad ou Air Austral, rien de tel qu’un groupement si les commerçantes veulent avoir du poids.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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