L’ouverture d’une crèche n’est jamais un événement anodin à Mayotte. La création de telles structures est encore le signe du changement d’époque que nous vivons. Notre mode de vie traditionnel où la famille et le village prenaient en charge les petits comme les aînés, a laissé la place à une société où les multiples obligations de nos familles resserrées ouvrent des espaces pour la création de services.
Ainsi, l’association pour les déficients sensoriels de Mayotte (ADSM), créée en 1999, a multiplié ses domaines de compétences pour venir en soutien à ceux que notre société ne prenait plus en charge ou en tout cas de façon peu satisfaisante.
«De 1999 à 2012, nous avons tenté de répondre à une situation d’urgence avec un accueil pour les enfants déficients sensoriels et un suivi de la scolarisation. Depuis 2012, nous sommes une association gestionnaire agréée, nous avons ouvert un service d’accompagnement des adultes puis des antennes en Petite Terre, à Bandraboua, Iloni et à Mamoudzou avec les enfants de la lune», raconte Agnès Ramdé, la directrice de l’ADSM.
Une crèche pour tous
A présent, l’ADMS se lance donc dans une nouvelle aventure en ouvrant une micro-crèche d’une dizaine de places à Passamainty, en lien avec les centres PMI, la CAF mais aussi la SIM qui a permis de trouver les locaux. Les petits, âgés de quelques mois à 3 ans, seront accueillis en semaine de 6h30 à 18h. Et la structure met en avant des particularités : «Nous accueillerons tous les enfants, avec 5 places pour les petits sans handicap et 5 places pour les déficients sensoriels. Dès le plus jeune âge, cela permettra aux enfants de découvrir la différence et de s’enrichir mutuellement», indique Agnès Ramdé.
La crèche est dotée d’un lieu en plein air équipé et sécurisé mais aussi d’un espace multi-sensoriels dit de «Snoezelen» propice aux sensations corporelles, aux émotions, à la créativité. La crèche accueillera également les activités «bébés signes» régulièrement organisées par l’association pour les entendants.
Des phases d’adaptation
La crèche va monter doucement en puissance. Les salariés vont accueillir les petits à un rythme qui permet leur bonne intégration. «Nous commençons par des journées d’adaptation», explique Antoinette Stab, la responsable de la crèche. «Les parents viennent avec l’enfant dans une première phase de découverte. Puis ils reviennent partager un repas. Dans une 3e phase, les parents laissent le petit le temps de faire une course… Une progression pour que l’enfant se sente bien et s’approprie le lieu et les personnes».
Ainsi, les enfants accueillis se sentent en confiance et apprennent à passer des temps de plus en plus longs sans leurs parents et avec d’autres adultes.
Ce sont 4 salariés qui vont faire vivre le lieu à partir de lundi et un 5e rejoindra l’équipe dès le mois de mai. Quant aux 10 places, elles ont été vite remplies avec un seul critère de choix : l’ordre d’arrivée. Il faudra donc désormais attendre la rentrée de septembre avec les premiers départs vers l’école maternelle pour que de nouvelles places se libèrent.
RR
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