C’est la 1ère journée consacrée à cette maladie qui touche surtout les personnes âgées. Difficile d’en cerner les victimes à Mayotte faute de données chiffrées, donc « on suppose » qu’une partie de la population est touchée. « Cette absence de diagnostic nous fait passer à côté du Plan d’action nationale de lutte contre la maladie d’Alzheimer », déplorait Bacar Hadurami, président de la FMAPAR.
Car face à ce constat, la Fédération Mahoraise des associations des Personnes âgées et des retraités, a souhaité cette 1ère journée de réflexion, réunissant différents acteurs. Un travail qu’elle a mené avec l’Association Famille Rurale, qui regroupe 11 associations à Mayotte et l’Union départementale des associations familiales. On ne part donc pas de rien à Mayotte en matière d’accompagnement des personnes âgées.
Les signes de la maladie et ses conséquences pour le patient et sa famille étaient détaillés par le docteur Ramlati Ali. Elle rappelait que cette « démence présénile » avait été décrite par le docteur Alois Alzheimer en 1907, après l’analyse du cerveau d’une femme décédée à 55 ans. « Plus on avance en âge, plus on a la « chance » d’attraper la maladie d’Alzheimer. La prévalence à 80 ans est de 20% ».
Perte de mémoire et désorientation
A Mayotte, on mourait plus jeune qu’en métropole, mais l’accroissement de l’espérance de vie augmente les risques d’apparition d’une maladie qui peut évoluer « en 3 ans comme en 30 ans », selon le médecin.
Hérédité et maladie génétique sont des facteurs aggravant et l’un des symptômes les plus marquants est la perte de mémoire, « surtout les souvenirs récents. On note aussi des troubles du langage et de la compréhension, la désorientation dans l’espace et le temps, l’incapacité des réaliser des mouvements simples, les troubles du sommeil, les changements d’humeur, l’absence de jugement qui l’incite à porter un manteau d’hiver en plein été, etc. »
Ces évolutions dans le caractère du patient, une brochure publiée par l’association France Alzheimer les décrit particulièrement bien, évoquant le rôle de « l’aidant », « plutôt de la famille ici à Mayotte », corrige Ramlati Ali. En tout cas, un comportement inapproprié peut déclencher une réaction d’agressivité de la personne atteinte.
Proposer des solutions adaptées à la culture
Plusieurs exemples et conseils sont donnés à l’appui : « ne pas allumer la télévision lorsque le malade mange, son attention ne pouvant être mobilisée que sur une seule action », « toujours présenter l’objet évoqué, la personne malade ayant perdu la faculté de concevoir ce qu’elle ne voit pas » ou « ne lui laisser à disposition que les objets nécessaires à une tâche bien précise car elle peut utiliser sa brosse à dents pour se coiffer, ou adopter des comportements dangereux. »
Le nombre de personnes âgées s’accroit donc à Mayotte, de 5 à 8% selon le vice-président en charge du social et de la santé, Issa Issa Abdou, « ce qui incite le conseil départemental à travailler avec l’ARS sur une étude ciblée pour pouvoir bénéficier des dispositifs nationaux. Nous venons d’ailleurs de lancer un appel à projet pour un Service polyvalent d’aide et de soins à domicile. » Un SPASAD que le projet de loi national sur le vieillissement met en avant.
Il invitait les mahorais à se positionner sur les outils à mettre en place sur le territoire, « des solutions issues de leur culture. »
La journée se poursuivait par l’intervention de l’ingénieur de l’ARS Mouhoutar Salim sur « La place des personnes âgées dans notre société », puis par la présentation de la situation à La Réunion par l’administrateur Annie-Claude Félicité, et la réaction des familles à La Réunion par Géorgius Gruchet, psychologue de l’association France Alzheimer.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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