C’est une immense étude nationale réalisée dans toutes les maternités de France. L’enquête périnatale va analyser la situation de pas moins de 16.000 femmes, par consultation du dossier médical et entretien avec un professionnel de santé.
A Mayotte, sont concernées toutes les femmes qui accoucheront dans l’île entre le 14 mars et le 17 avril 2016.
A l’échelle nationale, l’objectif est «de mieux connaître l’état de santé des mères et des nouveau-nés, d’évaluer la qualité de la prise en charge pendant la grossesse et lors de l’accouchement, et mesurer les facteurs de risque périnatal», indique l’ARS.
Ces enquêtes très lourdes sont réalisées à intervalle régulier avec l’Institut national de la santé et la recherche médicale (INSERM). Elles permettent de suivre l’évolution des principaux indicateurs relatifs à la santé, aux pratiques médicales et aux facteurs de risque, et de fournir des informations sur des questions particulières, pour orienter les politiques de santé. Quatre enquêtes de ce type ont été réalisées dans le passé en 1995, 1998, 2003 et 2010.
Les prématurés ultramarins
De façon générale, les données obtenues sont de bonne qualité et font référence. Ainsi, la dernière étude nous apprenait, qu’entre 2003 et 2010, la situation générale des femmes avait évolué dans un sens positif en France (augmentation du niveau d’études, du taux d’activité et de la part des emplois très qualifiés). Par exemple, le pourcentage de nouvelles mamans disposant d’un niveau d’études supérieur au bac était passé de 42,6 à 51,9 % en 7 ans.
Consommation de tabac, corpulence, préparation à la naissance, suivi de la grossesse par les professionnels, échographies (toujours plus élevées avec un risque de sur-médicalisation de la grossesse), taux de césarienne, prise en charge de la douleur… Tout est analysé.
Dans les autres DOM, l’enquête a déjà été réalisée. En 2010, les auteurs indiquait que «des différences particulièrement grandes sont observées entre la métropole et la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion, surtout pour l’issue de la grossesse puisque le taux de prématurité est y environ deux fois plus élevé qu’en métropole.» Pour la première fois, nous allons donc disposer des données pour Mayotte.
Une enquête d’un mois
Chez nous, l’enquête va être menée de façon un peu différente du reste de la France. C’est principalement la durée de récolte des données qui va être différente. Partout ailleurs, l’enquête dure une semaine. A Mayotte, elle a commencé hier lundi et va s’étaler jusqu’au 17 avril. L’ARS se donne ainsi 4 semaines pour disposer d’un nombre d’entretiens significatifs, permettant d’avoir une analyse approfondie au niveau départemental.
Car Mayotte doit être considéré, non comme un département parmi d’autres, mais bien comme une entité spécifique tant les questions liées aux naissances sont particulières chez nous, aussi bien leur nombre que les parcours (personnels et de santé) des mamans.
Malgré tout, Mayotte va reprendre les grands thèmes choisis au niveau national. L’enquête portera une attention particulière sur la prise en charge des femmes en situation de précarité ; la prévention pendant la grossesse (vaccinations, informations sur la consommation d’alcool et de tabac, entretien prénatal précoce etc.) ; la prise en charge des grossesses à bas risque.
Des axes de santé publique
Les résultats, attendus fin 2016, fourniront des indicateurs essentiels pour le plan d’actions en périnatalité conduit par l’ARS. L’objectif est bien entendu de «renforcer la qualité et la sécurité des soins», de définir les axes prioritaires pour la prévention et l’amélioration des pratiques… de vastes chantiers à Mayotte.
Concrètement, les femmes ayant accouché à Mayotte seront contactées pendant leur séjour à la maternité par une sagefemme, accompagnée si besoin d’un traducteur.
Les entretiens permettront de recueillir des informations sur la situation sociodémographique (âge, catégorie socio-professionnelle, etc.) ; l’état de santé de la mère avant la grossesse ; le déroulement et le suivi de la grossesse ; l’accouchement ; l’état de santé du bébé à sa naissance.
Selon les protocoles de ce genre d’enquêtes, l’ARS assure que les réponses seront traitées de façon strictement confidentielle et anonyme. L’agence indique aussi que «la participation des mères est essentielle à la réussite de cette étude qui permettra d’améliorer la prise en charge des futures femmes enceintes à Mayotte.»
On attend avec impatience les conclusions de ce travail minutieux pour disposer, enfin, d’un véritable état des lieux sur l’ensemble de ces questions. Elles ne manqueront pas d’alimenter un véritable débat sur la santé et probablement, une véritable réflexion politique bien vaste encore.
RR
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