27.9 C
Dzaoudzi
dimanche 15 décembre 2024
AccueiljusticeGros déploiement de moyens de gendarmerie pour un viol fictif

Gros déploiement de moyens de gendarmerie pour un viol fictif

gendarmerie poloUn métropolitain se présente à la brigade de gendarmerie de Petite Terre le 10 octobre dernier, catastrophé par les nouvelles qu’il vient de recevoir de sa petite amie : 3 sms qui indiquent que le chauffeur du taxi dans lequel elle est montée la séquestre pour abuser d’elle.

Les gendarmes lancent une vaste opération de recherche, à terre et aériennes… pour rien. Elle a tout inventé.

Ce 10 octobre, B.S., âgée de 19 ans, monte bien dans un taxi, et envoie quelques minutes après un sms à son ami, rapporté par le procureur, « Bébé j’ai trop peur ! », un second quelques minutes plus tard, « Si je téléphone à la Police, il va me tuer », puis « Je ne sais pas où je suis, je ne vois plus les maisons là où je suis, appelle la police. »

Les gendarmes ayant déclenché tout un dispositif de recherche, parviennent à entrer en contact avec elle, « Je suis dans la mangrove, pieds et poings liés », assure-t-elle. A 18h15, elle va de nouveau téléphoner à son copain pour l’avertir qu’elle est bien rentrée à Sada, « tout le monde est alors rassuré », indique le juge Banizette qui préside l’audience. L’enquête va pouvoir commencer.

Robe déchirée

Le tribunal de Mamoudzou
Le tribunal de Mamoudzou

Les gendarmes de Sada se rendent sur place, prélèvent les vêtements comme le veut la procédure en cas de viol, « vous portez alors une robe déchirée au niveau de la poitrine ». Mais ils ne relèvent aucune traces de sperme. Leur défiance va s’accroitre lorsque, les jours suivant lors d’une reconstitution du trajet en Petite Terre, elle donne des indications qui ne correspondent pas avec les horaires des textos.

Le portrait robot qu’elle livre, l’exploitation des données de son téléphone, l’absence de trace d’agression sexuelle constatée par le médecin et les bandes de video surveillance de Petite Terre, finissent par mettre complètement en doute ses accusations d’enlèvement, de séquestration et de viol. Mais face aux gendarmes, elle maintient.

Ils examinent alors les fadettes (factures détaillées de téléphone) et la géolocalisation de son téléphone : « tout indique que vous vous êtes rendue à Sada après avoir pris la barge. » Elle finit par craquer, « j’ai menti, juste pour embêter mon copain qui ne voulait pas m’accompagner à une fête d’anniversaire », répète la jeune femme élégante et menue, à la barre, « c’est grave ce que j’ai fait. »

« Des gendarmes employés au maximum des possibilités »

Pour le procureur, ne pas déposer plainte, c'est se rendre complice et empêcher le déploiement des politiques publiques adéquates
Avec 10% des effectifs mobilisés, il y avait menace de perturbation de la sécurité des personnes pour le procureur

Et en écoutant les représentant de la gendarmerie, on comprend les conséquences de son mensonge : « Nous avons lancé des recherches opérationnelles en mobilisant 30 gendarmes, départementaux et mobiles, appuyé par la brigade cynophile et l’hélicoptère au dessus de la mangrove. » Puis ce sera l’enquête, « 3 à 4 personnes pendant plusieurs jours ». Un préjudice qu’il estime très précisément à 12.632 euros, « le plus coûteux, c’est une heure d’hélicoptère. »

Au delà du préjudice financier, le procureur Joël Garrigue dans son réquisitoire soulignera que l’ampleur des moyens déployés menaçait de perturber l’organisation générale sur l’île : « 10% des effectifs de gendarmerie mobilisés en patrouille, hélicoptère et chien, alors que nous manquons cruellement de moyens en force de l’ordre ici à Mayotte par rapport aux autres départements. Face à l’explosion de la délinquance, ils sont employés au maximum de leurs possibilités. Si une autre personne avait eu besoin d’aide à ce moment ?! », interpelle-t-il la prévenue.

Un monde imaginaire

Me Kassurati Mattoir
Me Kassurati Mattoir plaidait l’immaturité de sa cliente

Sa toute jeune avocate Kassurati Mattoir, reconnaît l’ampleur des moyens sollicités, et notamment judiciaires, mais souligne l’immaturité de sa cliente : « Arrivée à 13 ans à Mayotte sans kwassa, elle ne travaille pas, vit de temps en temps chez son copain, ou chez sa tante, et, sans parents, doit s’occuper de sa petite sœur. Elle s’est inventée un monde imaginaire depuis cet âge et n’a pas vraiment évolué. C’est de la mythomanie. » Pour elle comme pour sa cliente, des travaux d’intérêt général seraient l’outil idéal pour la confronter à la réalité et réparer.

Mais des travaux qu’elle ne pourra effectuer, étant en situation irrégulière à Mayotte : « Je vous condamne donc à deux mois de prison avec sursis avec mise à l’épreuve de 18 mois au cours desquels vous réparerez les dommages accompagnée par le conseiller d’insertion et de probation, ainsi qu’à un stage de citoyenneté », livrait le juge. Qui demande aussi le remboursement des 12.632 euros. L’avocate nous indiquait vouloir faire appel de ce dernier point en référence à une jurisprudence, « la désorganisation du service n’est pas un motif suffisant. »

A la barre, le représentant de la gendarmerie indiquait qu’il arrivait, en métropole comme à Mayotte, que des dénonciations de vol soient mensongères, « mais jamais dans de telle proportion », relevait-il.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139510
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139510
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139510
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139510
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139510
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139510
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...