Deuxième édition de la dictée Bolé, elle aura permis cette année un duplex avec Paris, où le texte était lu par la journaliste Séline Soula à une vingtaine de personnes, «Mahorais, métropolitains et Antillais», nous indiquait-elle.
Et ce matin, c’était 150 enfants du CM1 à la 3ème qui ont tenté de déjouer les difficultés de la langue française. Dans l’après-midi, leurs aînés se sont studieusement assis dans un amphithéâtre du CUFR difficilement climatisé, pour écouter « Sur le marché de Mamoudzou », un texte comme l’année dernière issu de l’imagination de Joëlle Imbert, et lu en direct sur Mayotte 1ère.
Également assises sur les bancs des étudiants, des personnalités ont planché sur les accords et autres méandres : le sénateur Thani Mohamed Soilihi, la vice-recteur Nathalie Costantini, évidemment interrogée sur la réforme de l’orthographe, « parfois l’accent est indispensable, d’autre non », déclarait-elle, le conseiller départemental de Pamandzi, Daniel Zaïdani, en polo et casquette, Aurélien Siri, maître de conférence au CUFR. Le sous-préfet Guy Fitzer était inscrit mais n’a pas pu rester. Le conseiller départemental Issa Issa Abdou est arrivé à la fin, « histoire de faire zéro faute ! »
Des Artocarpes gratinés
Le vainqueur de la dictée 2015 ne participait pas, « mais mes élèves, oui ! », des élèves de seconde, concentrés dès le top départ. Alors que l’animateur de Mayotte 1ère, Kamar faisait durer le suspens sur l’identité du lecteur, c’est Hourlaine Malidé, une élève de seconde du lycée Younoussa Bamana, et qui fréquente la compagnie Ari Art dans le cadre de son option théâtre, qui arrivait feuille en main. Pour mener la dictée tambour battant, n’hésitant pas à glisser des petites anecdotes.
Des murmures ou des rires venant de la salle ponctuaient chaque difficulté, et l’on démarrait sous les hourvaris de la circulation à proximité du marché où les bouénis allongées étaient comparées à des odalisques alanguies peinte par Ingres ou des Vénus callipyges. C’est à dire des esclaves lassives d’un sultan ou des Vénus aux belles fesses arrondies.
Les porte-monnaie ou les portemonnaies
On apprenait ensuite que leur forte odeur de sueur était due à une hyperhidrose, et que les fruits des vendeuses, que se soient des coloquintes ou des christophines, côtoyaient les Artocarpes, nom scientifique du fruit à pain.
Les correcteurs avaient fort à faire, «un point pour l’orthographe, un demi pour les virgules ou tirets»… La consigne était passée, mais en tenant compte de la réforme de l’orthographe. On se savait d’ailleurs plus trop quel point ou accent mettre sur «connaître» : « Avec ‘porte-monnaie’, qui ne prend pas de ‘s’ quand on met de tiret, mais qui en prend un avec, c’étaient les deux seuls mots concernés par la réforme», indiquait la correctrice en chef. Des portemonnaies qui contiennent en tout cas «plus d’un kopeck» !
Il était arrivé en 3ème position l’année dernière : c’est Noël Raharijaona, Ingénieur agricole, mais actuellement professeur de français à Labattoir, qui termine 1er, et remporte un billet d’avion offert par Air Austral.
Chez les pus jeunes, les cracs de chaque niveau auront reçu une tablette et des livres auront été offerts à tous les participants par le Rotary Mamoudzou Mayotte.
Une fête des mots autant que des rencontres, une belle journée proposée un BTM toujours rassembleur.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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