Ce jeune de 16 ans, né à Mamoudzou, reconnaît avoir participé au vol du sac à main sur la compagne de la victime, et donne les noms de deux complices, différents de ceux qui avaient été dévoilés au départ à la police par les témoins. Or, l’un des deux jeunes avait été interpellé par la police, mais les témoins ne l’ayant pas désigné, il a été relâché. Il est donc de nouveau activement recherché. L’auteur probable des coups de couteau aurait environ 16 ans, et son autre complice, 13-14 ans.
L’autopsie de la victime a été réalisée ce matin, annonce le procureur : « elle aurait reçu un coup de couteau donné de haut en bas, au niveau du sternum et a atteint le cœur au niveau du ventricule droit. Lors de l’arrivée des pompiers, il était déjà trop tard pour la ranimer. »
Le juge d’instruction a mis le jeune en examen pour vol avec violence pouvant entraîner la mort, il risque la prison à perpétuité. La Cour d’Assise pourra retenir l’excuse de minorité, « mais une condamnation de 20 ans de réclusion peut être prononcée. » Il est actuellement entendu par le juge des libertés et de la détention qui doit se prononcer sur un possible placement en détention provisoire.
Déjà condamné pour des faits à caractère sexuel
Difficile de trouver ses complices, « les jeunes sont plus souvent dans la rue que chez leurs parents, et il faut des agents qui connaissent bien les quartiers. » Quant à la maman du jeune interpellé, on n’entend rarement parler du papa, « elle était au tribunal, elle semble totalement dépassée par l’éducation de son fils. »
Contrairement aux affaires précédentes, la police a pu compter sur une collaboration efficace de la population, indique Joël Garrigue, « c’est la première fois que je vois des gens venir au devant des forces de l’ordre ici ». Il fait aussi le lien avec un quartier où le nombre de délits a considérablement diminué ces derniers temps, “un vrai travail a été fait.”
Il précise que le jeune interpellé a déjà été placé en détention provisoire, « pour des infractions à caractère sexuelle. Il a ensuite été placé sous contrôle judiciaire. »
Les conditions enviables de la maison d’arrêt : tout est relatif
Se pose donc le problème du suivi de ces jeunes, comme l’avait souligné un des responsables de l’association Jeune de Kawéni Espoir ce week-end. « Tous les mineurs ne peuvent pas passer toute leur vie en prison, et notre territoire manque cruellement de solution. Replacer un mineur dans son lieu de vie au moment des faits n’en est pas une. Nous n’avons qu’un seul centre Dago Tama, de 12 places pour l’ensemble de l’île. Il nous faut un Centre éducatif fermé et/ou renforcé. »
« Un investissement conséquent, mais nous avons fait remonter cette demande à Paris », nous avait répondu le préfet lorsque nous l’avions sollicité sur ce sujet. L’inspection générale de police et de gendarmerie qui est venue le mois dernier, en aurait pris bonne note. Les familles d’accueil sont aussi une solution adaptée à l’île en préventive.
Quant aux conditions de réclusion, si elles peuvent paraître enviable à la maison d’arrêt, « et je ne peux nier qu’elles sont meilleures que celles qu’ils peuvent vivre ici, le problème reste les conditions qu’ils connaissent à l’extérieur et qui sont anormal pour un département français. »
C’est le premier vol crapuleux dégénérant par un décès: « S’il y a eu des homicides l’année dernière, ce sont plus le fait de violences inter-villages ou des violences intrafamiliales avec meurtre. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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