«Je ne sais pas pourquoi, on veut tuer le secteur de la pêche à Mayotte! On ne peut que constater qu’on s’acharne sur la pêche artisanale» Comme tous les acteurs du secteur, Pierre Baubet de la coopérative des pêcheurs de Mayotte (Copemay) est tout simplement furieux. L’affaire dont il est question n’est pas nouvelle mais elle ne parvient pas à trouver une issue satisfaisante pour les professionnels.
Depuis 2013, près de 40% de la flottille de pêche de Mayotte ne serait plus considérée par les affaires maritimes comme étant professionnelle. Elle serait désormais dans la catégorie «plaisance». Et de fait, ces embarcations et leur équipage n’auraient plus le droit de vivre de la pêche. «On a jamais vu ça dans aucun secteur économique, dans aucun pays! On a 40% de l’outil de production qui est mis au rencard pour un problème administratif !» s’emporte Pierre Baubet. «Avec une telle mesure, ce sont 300 familles qui sont au tapis».
Ces bateaux ont changé de catégorie car les pêcheurs devaient effectuer des modifications sur les barques et les équipages, suivre des formations. Mais pour des questions de temps ou de budget, tous ne se sont pas pliés à l’exercice… d’autant que du côté des affaires maritimes aussi, des contretemps internes auraient perturbé les homologations.
Condamnés à moderniser de vieux bateaux
Depuis des mois, les acteurs de la filière tentent de sensibiliser les plus hautes autorités de l’Etat. «On a des kilos de papiers. On a écrit au ministre des transports, à la ministre des Outre-mer, au Premier ministre… Pas une réponse. On nous fait savoir que c’est l’Europe qui va financer la modernisation…»
Car c’est évidemment la notion de sécurité qui est mise en avant par l’Europe pour justifier ces évolutions… Problème: Mayotte est bloquée dans des politiques européennes pensées pour le continent européens mais qui peuvent devenir absurdes lorsqu’elles s’appliquent chez nous, à 9.000 km de Bruxelles.
Pour des raisons économiques et environnementales, l’UE ne veut plus financer de nouveaux bateaux pour ne pas augmenter les flottilles et mettre fin aux surpêches. Mais Mayotte est loin d’être dans cette situation alors qu’elle est en plein développement… «Résultat, on a le droit de rafistoler des bateaux qui ont 25 ans mais pas développer une petite flotte», constate Pierre Baubet.
Le député pour faire bouger le dossier
Les représentants de la filière ont donc rencontré le député Ibrahim Aboubacar pour tenter de faire bouger les choses, en obtenant des dérogations ou des financements. Car sur le lagon, la situation créée par cet état de fait ne va plus pouvoir durer très longtemps. Car, toutes les familles de pêcheurs n’ont pas été «mise sur le carreau» par le changement de statut des bateaux. Les pêcheurs sont nombreux à avoir poursuivi leur activité même s’ils n’étaient plus autorisés à la pratiquer.
Les contrôles étant actuellement de plus en nombreux, les rappels à la loi et les PV sont eux aussi en augmentation. Plusieurs procédures judiciaires ont même été enclenchées… En attendant peut-être de nouvelles règles. Les pêcheurs croient savoir qu’un nouvel encadrement de la pêche de loisir serait en préparation, pour limiter la quantité de prises et donc éviter qu’une pêche non- professionnelle ne puisse éventuellement écouler une grande quantité de poissons qu’elle n’a pourtant pas le droit de vendre… Le dossier est entre les mains du député.
RR
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