Double blocage, ce lundi soir, dans la crise des personnes «décasées». Alors que les représentants des collectifs comoriens ont obtenu qu’un camp soit érigé à Mtsapéré sur le terre-plein de la rocade pour loger temporairement les personnes chassées de chez elles, une double opposition bloque la mise en œuvre de la décision.
D’un côté, place de la République, l’essentiel des personnes installées ne veut pas partir comme le leur demande leurs associations. De l’autre, à Mtsapéré, le camp qui devait être installé, ne peut être monté à cause de l’intervention de certains riverains qui s’y opposent. D’ailleurs, des SMS circulent pour mobiliser les villageois et empêcher la mise en place de ce camp.
Pour comprendre la situation, un retour sur le récit de la journée s’impose. Ce lundi a commencé par une longue réunion d’un très grand nombre d’associations comoriennes ce lundi matin Pointe Mahabou. Il a été question de structurer le mouvement autour du soutien porté aux personnes «décasées», avec la mise en place de commissions et de porte-paroles. Un petit groupe a également été désigné pour permettre à la préfecture d’avoir des interlocuteurs
Stopper l’hémorragie
Car, durant l’après-midi, ces représentants ainsi que des associations dont la Cimade, ont été reçues par la directrice de cabinet du préfet. Ce collectif avait 4 demandes auxquelles la préfecture a tenté d’apporter ses réponses.
Tout d’abord, obtenir des garanties de l’Etat français pour qu’il mette en place une «action réelle» pour stopper «l’hémorragie», le mot choisi par ces associations comoriennes pour nommer la multiplication des opérations de «décasages» .
Si la préfecture a annoncé l’arrivée prochaine de renforts de gendarmerie, elle doit, à l’heure actuelle, faire avec un effectif rapidement débordé lorsqu’il doit intervenir, comme ce fut le cas ce weekend, sur une grande amplitude horaire, et sur un très grand nombre de lieux, de Mzouazia à Koungou, de Bouéni à Kani-Kéli ou Kani Bé.
Les maires appelés au chevet de leur cohésion sociale
Pour autant, les forces de sécurité ne sont pas les seules à pouvoir être mobilisées. La préfecture travaille activement avec plusieurs maires qui parviennent à apaiser les tensions dans leur commune.
C’est le cas à Tsingoni ou Bandrélé où les élus parviennent à préserver, tant bien que mal, ce qui reste de cohésion sociale entre les habitants. C’est en revanche mission impossible dans d’autres communes comme par exemple Bouéni, où des associations confirment la participation de membres de l’équipe municipale dans les mouvements qui ont chassé certaines personnes de chez elles.
Scolarisation, sécurité, arrêt des expulsions
Deuxième demande des collectifs comoriens, l’assurance du respect de la scolarisation des enfants. La préfecture annonce qu’une personne est en charge de suivre spécifiquement ce dossier dans ses services.
Troisième point, la garantie de la sécurité des personnes. Une sécurité policière sera assurée autour des lieux d’hébergement provisoire qui sont également appelés à s’organiser.
Enfin dernière demande, un moratoire sur les expulsions, pour que les personnes chassées voient leurs dossiers de régularisation traités en priorité et ne soient pas traquées par la PAF, comme ce fut le cas à Choungui. Là-dessus, la préfecture a rappelé qu’elle appliquait la loi de la République…
233 personnes, silence à Paris
Au final, ce lundi soir, impossible de savoir de quelle façon va évoluer la situation. Entre les tensions à Mtsapéré et les possibles crispations autour du marché couvert demain, mardi matin, le moment semble suspendu… Il convient tout de même de rappeler que le nombre de personnes «décasées» serait, selon les chiffres donnés par la préfecture aux associations, de 233.
Reste, du côté de l’Etat, un silence toujours aussi incompréhensible. Alors que des Français, chassent des étrangers en situation régulière et des enfants nés sur le territoire national de leur village, la parole de Paris devient particulièrement urgente.
RR
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