Vous serez peut-être démarchés par des enquêtrices d’Insidens dans les semaines à venir. Faciles à repérer avec leur gilet jaune fluo, elles ne vous embêteront pas longtemps, et c’est pour la bonne cause : « C’est un bon moyen de savoir ce que la population pense des dispositifs mis en place, et d’en tester de nouveau, comme le compostage actuellement à l’essai sur Petite Terre », explique Anne-Constance Onghéna, Directrice d’Insidens.
C’est déjà la 4ème saison du Baromètre des déchets qui est quasiment entré dans les mœurs : « La première année, les questionnaires-papier étaient privilégiés, pour basculer sur une totale dématérialisation l’année dernière. Nous sommes revenus partiellement, pour 20%, aux questionnaires-papier pour lesquels nous allons au devant des habitants. » Une question de représentativité, « même si nous avons tous les profils sur internet. »
Ensuite, un tri sera opéré, « les grèves nous ont retardé, puisque nous atteignons 950 questionnaires, soit 80% de notre quota habituel à cette date. La collecte sur internet se poursuit, et une autre équipe sillonne le nord de l’île ce vendredi, tout le territoire sera couvert. A la fin, 1.500 seront retenus, représentatifs de la répartition homme-femme, des tranches d’âge ou de l’implantation géographique. »
Une population proche du point de rupture
Seul bémol, les villages clandestins ne sont pas abordés : « ils s’enfuient dès qu’ils nous voient arriver avec nos gilets fluo et nos questions. »
Un questionnaire qui a évolué au fil des années, en collant à l’actualité de la collecte, mais aussi des techniques d’informations : « Nous leur demandons quel est leur support favori, réseaux sociaux, télé ou presse écrite. »
Pendant que nous parlons, Zariante et Diane questionnent les habitants au hasard, à l’arrivée de la barge pour commencer, puis devant La Poste de Mamoudzou : « Les gens sont plutôt partant et sont même satisfaits parce qu’ils en ont marre de voir des déchets trainer partout », glisse Zamiante.
Pour Anne-Constance Onghena, le ressenti a un impact fort : « Les habitants participent activement lorsqu’ils sont énervés. Mais s’ils trient sans voir d’amélioration de ramassage dans les communes, ils ont envie de tout abandonner. Actuellement, on est proche de ce point de rupture, car ils ne voient pas d’évolution sur la collecte des déchets ménagers par le SIDEVAM. » Et alors que les communes financent le service…
Les bacs bleus volés
Sur ce point, c’est au syndicat de s’organiser, « seul le ramassage de Mamoudzou est correct, et il n’ont pas adhéré au syndicat. » Se pose le problème des bacs bleus collectifs, « ils sont volés, et leur achat massif fut un gaspillage de fonds publics. Il faut réfléchir à une organisation adaptée au territoire. »
Quant aux quartiers clandestins c’est finalement la commune qui va les opérer avec ses propres services. A noter que le SIDEVAM vient de se doter de 6 petits camions Bennes à Ordures ménagères, adaptés aux zones peu accessibles.
Des semaines sur les bord des routes
Mais sur l’organisation du ramassage des encombrants et des déchets verts, les communes sont responsables : « Elles doivent mettre en place un planning strict, avec des dates de ramassage précises, sans quoi les habitants déposent quotidiennement des déchets verts ou des encombrants, qui vont rester des semaines sur les bords des routes, incitant aux dépôts sauvages d’ordures. »
Quant aux habitants, ils sont diversement réceptifs aux campagnes, « après plusieurs jours, certains disent ‘j’en ai vaguement entendu parler à la télé’. » Et il suffit d’entendre une jeune femme interviewée sur la destination de son vieil électroménager : « Nous le déposons sur le bord de la route, jusqu’à ce que quelqu’un vienne le chercher », indique-t-elle le plus naturellement du monde.
Forte pression donc enregistrée par le baromètre, et pour qu’elle baisse, population, commune et syndicat intercommunal doivent s’y mettre.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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