Les médecins et le personnel hospitaliers sont dans la rue. Pas massivement, puisqu’une centaine de personnes seulement s’était rassemblée ce matin devant le CHM, sur les 2.000 agents que compte l’établissement. Un personnel hospitalier bien représenté, les médecins moins, «mes collègues du CHM se mobilisent moins que ceux des dispensaires», regrette un médecin.
Le personnel dans son ensemble à de quoi être inquiet: «Le taux d’occupation des lits sur l’ensemble de l’hôpital est de 147% en avril 2016, et à la fin du mois d’avril 2016, on enregistre 21% de naissance de plus par rapport à la même période de 2015», retrace un des documents qui sera remis cet après-midi à Marisol Touraine.
Aujourd’hui, les dispensaires de Koungou et de Passamainty sont fermés, «pas celui de Jacaranda qui a l’obligation de rester ouvert, deux médecins ont donc été assignés parmi les grévistes pour assurer une permanence de soins», explique une médecin de dispensaire.
16 postes de médecins demandés
La revendication première des praticiens hospitaliers, porte donc sur les effectifs, avec l’obtention de 4 médecins supplémentaires par secteur, «soit 16 postes de médecins pour que les consultations se tiennent dans des conditions acceptables», explique Sophie Olivier, vice-présidente de la CME, la commission médicale d’établissement du CHM.
Selon elle, il n’y aurait aucun problème pour les pourvoir, «beaucoup de médecins en métropole sont lassés de la masse de charge qu’ils doivent gérer, et trouvent ici des conditions plus intéressantes qu’en métropole. Certains responsables de secteur refusent même des offres.» Les évènements sociaux récents n’ont malgré tout pas joué en faveur de l’attractivité.
Mesures d’attractivité
Pour une frange de médecins, des mesures d’incitation fiscales ne seraient pas de trop, et ils demandent une défiscalisation de l’Indemnité particulière d’exercice (IEP), qui représente l’équivalent de 4 mois de salaire annuel sur 4 ans.
Jusqu’à présent, les médecins bénéficiaient de cette IPE s’ils restaient 4 ans sur le territoire, charge à eux de la rembourser s’ils le quittaient avant. Ce que certains ont fait, la dégradation des conditions sécuritaire ou de scolarisation les ayant incité à partir. Leur demande de passer à une IPE de 2 ans serait en passe d’être acceptée. Une décision qui devrait redonner des couleurs à l’attractivité médicale.
Des envies d’autonomie pour l’ARS
Le personnel de son côté se plaint également d’une surcharge d’activité qui impacte sur la qualité de soins, et appelle à «une politique de recrutement et de fidélisation», qui comprend la lutte contre l’insécurité, « des moyens matériel », notamment informatiques, « la suppression immédiate des cadres de nuit », et, sur la plan financier, « la mensualisation de la prime de suractivité de 500 euros. »
Le cortège de grévistes est parti de l’hôpital, pour se rendre à l’ARS en passant par le rond point de la barge. Une Agence régionale de Santé Océan Indien que beaucoup dénoncent comme trop centralisée sur les problèmes réunionnais, privant Mayotte de moyens: «J’ai démontré à l’ARS les besoins du territoire en terme de médecins, elle m’en a accordé le quart », se plaint un médecin, qui appelle à la création d’une ARS propre à Mayotte.
Un point sur lequel Sophie Olivier est en désaccord: «Scinder l’ARS océan Indien, avec une direction propre à Mayotte irait à l’encontre de la politique nationale qui plaide en faveur de Groupements hospitaliers de territoire. Si nous voulons être entendu, nous avons besoin du poids et des élus réunionnais, il faut simplement défendre un budget correctement fléché.»
Avec le représentant syndical des praticiens hospitaliers le docteur Javaudin, elle fait partie de la délégation qui sera reçue cet après-midi à Paris.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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