Le Dreamliner s’est posé hier en fin de matinée à Saint-Denis (La Réunion). En provenance de Seattle via Paris, ce Boeing 787-8 aux couleurs d’Air Austral est le premier sous immatriculation française, s’est posé hier en fin de matinée à Saint-Denis (La Réunion). Aux commandes, Octave Michaux, commandant de bord instructeur à Air Austral avec 21.900 heures de vol, a donc posé en douceur l’appareil sur la piste de Roland Garros. Les pompiers de Gillot ont respecté la tradition en l’arrosant généreusement.
«C’est événement majeur pour notre compagnie», s’enthousiasme Marie Joseph Malé, le PDG d’Air Austral. «Avec cet avion de technologie nouvelle qui comme l’Airbus A350 va servir de mètre étalon pour le développement des avions de nouvelle génération, Air Austral franchit une marche d’escalier. C’est un avion ni trop gros, ni trop petit qui nous ouvre des perspectives de développement.
Air Austral franchit une marche d’escalier».
L’effervescence à Seattle pour le départ
Le Boeing 787-8 est parti d’Everett, lundi dernier, l’une des deux usines Boeing sur la côte Ouest des États-Unis au nord de Seattle, dans une ambiance d’effervescence. Signature officielle, coupure de ruban au pied de l’avion, en présence d’une importante délégation de politiques venus de Mayotte et de la Réunion dont Didier Robert et Nassimah Dindar, la livraison du premier B.787-8 s’est faite là aussi dans les règles de la tradition mais l’essentiel s’était déroulé quelques jours plus tôt dans la plus grande discrétion.
À l’aube le 20 avril dans un bureau de Boeing à Everett, une délégation d’Air Austral conduite par le PDG Marie Joseph Malé s’était retrouvée face à une équipe du constructeur américain pour la procédure «d’acceptance». «Pendant dix jours avant cette rencontre, les équipes d’Air Austral ont minutieusement inspecté l’avion afin de relever les moindres réserves», confie Joseph Brema, le directeur financier de la compagnie.
Une mise en service rapide
Après les étapes techniques et administrative, le temps des premiers vols commerciaux va rapidement commencer car Air Austral a avancé à plusieurs reprises la mise en service effective de l’avion. «Nous aurons l’appareil à notre disposition pendant une journée pour nous familiariser avec lui et notamment à cette particularité que le matériel de piste ne doit pas s’approcher à moins de 5cm du fuselage en raison du matériau composite qui constitue 50 % de la structure de l’avion», confie Jean-Jacques Roy, le directeur des opérations sol d’Air Austral. «Pendant la première semaine d’exploitation, il n’y aura pas de départ et d’arrivée en moins de deux heures.»
De leur côté, le personnel navigant commercial aura deux jours de visualisation de l’avion avant des vols de familiarisation. Les 350 hôtesses et stewards de la compagnie réunionnaise seront qualifiés sur la machine. Ils seront neuf à assurer sur chaque vol la sécurité et le service à bord contre 14 sur le Boeing 777.
Dès demain, le 27 mai, le Dreamliner va assurer les premières rotations entre La Réunion et Madagascar. Ensuite, à partir du 31 mai c’est-à-dire mardi prochain, il effectuera les liaisons La Réunion-Maurice, cinq fois par semaine. Ce sera, enfin, la grande ouverture tant attendue: le 10 juin, la première rotation Mayotte-Paris sans escale. «La fin d’une attente de 30 ans», se réjouit Soibahadine Ibrahim Ramadani, le président du département.
On en parlait en 1986 !
Le président Jacques Chirac en 1986 à Pamandzi avait exprimé la volonté de l’État de doter Mayotte d’une liaison directe avec Paris sous réserve de l’allongement de la piste, la construction d’un nouvel aéroport et d’un accord avec un opérateur. Depuis le dossier n’avait guère avancé. Ce n’est que récemment qu’une solution a pu être trouvée avec à la clé, des gains de temps, de confort et de sécurité. «C’est un formidable levier pour le commerce et le tourisme et une belle promotion pour l’île aux Parfums. Je suis ému et fier d’être le président du vol direct», a indiqué le président Ibrahim Ramadani.
Pour Marie-Joseph Malé, «Air Austral ouvre enfin cette ligne et dans des conditions qui permettent d’en assurer la pérennité. Pour l’instant, les engagements en termes de ventes de billets au départ de Dzaoudzi sont supérieurs à ceux que nous enregistrons sur le Réunion-Paris. Nous réfléchissons à une quatrième fréquence.»
Gain de temps, mais pas d’argent
Pour les voyageurs, le gain se fera essentiellement en termes de temps et non de prix, le kérosène étant «40% plus cher à Mayotte qu’à la Réunion», précise le PDG. «En dépit de nos démarches au plus haut niveau chez Total, nous ne sommes pas parvenus à obtenir une révision des tarifs».
Pour Air Austral, le projet de transformer Mayotte en hub du Canal du Mozambique peut donc se mettre en place, avec Ewa qui a pour vocation d’alimenter cette plateforme de correspondance. «Nous allons lui envoyer de nos deux ATR 72 afin de lui permettre d’ouvrir notamment Antananarivo au départ de Mayotte», précise Marie-Joseph Malé.
Avec l’arrivée des deux 787 et le remplacement de deux Boeing 777 300ER, l’offre d’Air Austral va progresser de 8 % en 2016. Car le second Dreamliner est attendu pour octobre prochain. Ses équipements sont en cours d’installation et il recevra ses réacteurs Rolls Royce en juin.
RR, le JDM
Avec le JIR.
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