Le projet est né d’une rencontre celle de Cécile Bruckert, Directrice de Musique à Mayotte, et de Matona, musicien Zanzibari. Il est parti de la tradition orale pour créer une école, la DCMA, l’Académie des pays des boutres, « pour laquelle il a été récompensé à Copenhague comme étant la meilleure école traditionnelle au monde », glisse Cécile Bruckert.
L’objectif est la transmission de savoir, « comment les anciens enseignaient la fabrication des instruments et leur pratique, et comment capter les jeunes. » Là-bas comme ici à Mayotte, l’apprentissage de la musique ne se fait pas traditionnellement dans une école, « or, la DCMA enseigne la musique classique autant que la musique traditionnelle ou le jazz. »
Cécile Bruckert s’est rendue à Zanzibar, et séduite, a décidé d’importer pour une semaine le concept à Mayotte : « Il y a une perte de la connaissance des instruments de musique ici. C’est politique. En entravant la circulation des musiciens par l’absence d’octroi de visas, on empêche les échanges comme ils se faisaient avant avec les boutres. Il faut retrouver cette richesse. »
Poursuivre l’expérience
Elle rapporte l’enthousiasme d’Ahmed, jeune professeur de musique à Chiconi : « Il n’avait jamais entendu ces instruments, il s’est passionné pour le projet. »
Car les quatre musiciens zanzibaris sont facteurs d’instruments, et enseignent chaque jour pendant 3 heures au collège de M’gombani la fabrication de la flûte firimbi, « plus connue sous le nom de ‘neï’ ici », et du ndzumari, « l’ancêtre du hautbois ». Les élèves ont tous appris à fabriquer leur propre firimbi, « ils sont passionnés. »
Etant donné la difficulté de posséder la technique, des foundis doivent être formés, ce qui nécessitera certainement une nouvelle cession de la part des musiciens de Zanzibar, Matona, Gora, Begu, SaIdi. Qu’il faudra budgétiser et financer. Celle-ci l’est par le ministère des Outre-mer et la Direction des affaires culturelles de la préfecture, sans participation d’institutions locales que sont la mairie de Mamoudzou ou le conseil départemental.
A ne pas manquer donc leur concert ce vendredi au CUFR de Dembéni à 20h et samedi à l’église Notre Dame de Fatima. En compagnie des grand-comoriens Maalesh et Youssouf et des musiciens mahorais Alpha et Ahmed. Ils se produiront également le 8 juin au centre pénitentiaire.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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