Le Centre pénitentiaire de Majicavo, inauguré en octobre 2014 par Christiane Taubira alors ministre de la Justice, est très sollicité. Les évènements récents, du caillassage de la course de pneus aux violentes bagarres entre bandes, ont en effet conduit plusieurs adultes et quelques mineurs à en prendre le chemin.
Il y a quelques années, même avec 12 places, le quartier de mineurs n’était jamais plein. Avec 30 places aujourd’hui, il affiche presque complet : « Nous avons actuellement 25 détenus mineurs, dont 3 ou 4 en lien avec les derniers évènements », indique Michael Merci, le directeur du centre pénitentiaire. Un flux qui évolue vite, les jeunes ne faisant pas de longs séjours en prison.
La protection judiciaire de la jeunesse a été obligée de s’adapter à cette recrudescence de jeunes, « des moyens supplémentaires sont envisagés pour la prochaine rentrée, pour se donner toutes les chances de pouvoir les aider à se réinsérer », souligne-t-il.
Les prévenus les plus nombreux
Les violences ne semblent pas encore être sur la voie de l’apaisement : « Nous nous préparons à être complet d’un jour à l’autre. » Lorsque les mineurs ont un profil particulier, et notamment les très jeunes de 13 ans, ils sont envoyés en centre éducatif à La Réunion.
Quant au reste de l’établissement, il a rempli ses 278 places qui pouvaient pourtant laisser penser à une certaine marge : « Depuis lundi et pour la première fois, nous avons dépassé notre capacité d’accueil. Ce n’est pas une surprise au regard de l’activité judiciaire intense et du travail des forces de l’ordre. »
Mais Mayotte présente là aussi des spécificités : « Là où en métropole la population du centre de détention, ceux qui ont été reconnus coupables, est la plus importante, ici, c’est la Maison d’arrêt qui est pleine, c’est à dire les prévenus, ceux qui n ‘ont pas encore été condamnés. »
Des conditions enviables
A cela deux explications : « La plupart des arrivées sont récentes, mais surtout, les infractions nécessitent par leur gravité une instruction et une enquête poussée. » Ce qui a incité le chef d’établissement à modifier l’organisation du centre de détention pour pouvoir accueillir malgré tout des prévenus. Le quartier des femmes de 6 places accueille actuellement 3 détenues.
Un bâtiment que l’on pourrait dire avec humour dépassé par son succès s’il ne s’agissait pas d’un phénomène de délinquance, pour lequel le territoire a bien du mal à trouver des solutions. On pense aussi bien sûr aux conditions de détention qui sont d’un niveau bien supérieures que ce que vivent les prévenus au quotidien, voire même, de ce que vivent certains surveillants de prison…
D’autant plus que si la population aspire à la tranquillité en rêvant de voyous mis hors d’état de nuire, ils ont vocation à ressortir et l’objectif est bien qu’ils deviennent des citoyens responsables : « Nous devons répondre très souvent à des carences éducatives et affectives », fait remarquer Michael Merci.
Des moyens sont à mettre en œuvre sur le travail en matière de parentalité avant de continuer à remplir les prisons de jeunes qui ne demandent le plus souvent qu’un peu d’attention.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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