«Nous sommes dans un bateau commun et nous devons continuer à vivre tous ensemble… et chacun y trouvera son compte». Le président Soibahadine Ibrahim Ramadani a choisi la célébration de la fin du mois de jeûne, jour de partage et de rencontre, pour s’adresser à toute la population de Mayotte. Comme tous les ans, il échangeait les vœux avec les autorités religieuses dans l’hémicycle après avoir apporté des cadeaux aux enfants hospitalisés avec certains de ses vice-présidents.
Face aux autorités morales, la prise de parole était solennelle et pour beaucoup consacrée, sans que le mot soit prononcé, à la crise «décasés».
Le président a lancé un «appel à l’unité de tous les acteurs de la société mahoraise, quelles que soient leurs origines, pour défendre l’intérêt supérieur de la population de Mayotte». «Le développement de ce pays ne peut se faire s’il n’y a pas la paix et la concorde civile», a-t-il affirmé.
Une étroite collaboration avec un Etat qui doit jouer son rôle
Pas question de nier les crises que traversent notre département. Il a d’abord listé ce que la population de Mayotte est en droit d’attendre: «le respect du droit de propriété, la protection des biens et des personnes, l’attractivité, le développement économique, le respect des forces de sécurité et de l’autorité sous toutes ses formes».
«Les actes de délinquance, de violences qui secouent Mayotte viennent de franchir la ligne rouge depuis le début de cette année 2016», a-t-il constaté. Face à la situation, il promet une «étroite collaboration avec l’Etat, conformément au plan «Mayotte, sécurité pour tous» pour «mutualiser les énergies au service de la paix et de la sécurité».
Au CHM, plus tôt dans l’après-midi, il demandait tout de même «l’Etat à jouer son rôle régalien, pour l’obligation scolaire, l’aide médicale d’Etat et les centres d’hébergements d’urgence».
Les cadis face à la délinquance et aux radicalisations
C’est dans ce contexte de crise que le président rappelle que le département a officiellement investi les cadis dans un rôle de médiation et de cohésion sociale. «La population de Mayotte a besoin de votre clairvoyance. Soyez à l’écoute des femmes, des hommes, des éducateurs», a-t-il lancé. «Dépensez sans compter votre énergie, faites preuve de créativité!»
Il invite aussi les cadis à «se rapprocher de la population pour «commencer une réflexion commune et le développement d’actions contre toutes formes de délinquances et de radicalisations».
Il invite enfin les cadis à transmettre «les valeurs morales» aux jeunes en manque de repères dans un territoire en pleine «mutation identitaire».
Le président a également eu un mot pour les parents qui doivent jouer leur rôle dans l’éducation des jeunes, «pour encadrer les enfants avant qu’ils ne dérivent vers la délinquance».
«Que la raison l’emporte»
La parole est donc forte même si elle est tardive. Et au JDM qui lui demande s’il y a eu une gêne des élus face à la crise des «décasés» qui les aurait empêché de prendre la parole, il répond franchement.
Oui, il y a eu une gêne, «parce que c’est une situation par son ampleur inédite. Qui n’a pas été surpris par cette situation? Ca a été un mouvement d’une telle ampleur, organisé…» Mais il rappelle aussi que la crise est la conséquence d’une «exaspération» de la population. «Nous allons œuvrer pour que «la raison l’emporte» et «partout où (les expulsions) sont nécessaires, qu’on ne procède pas de façon désordonnée» mais avec la loi.
Au final, le message du président est clair: «Le bien vivre ensemble et le dialogue entre les communautés sont absolument nécessaires pour faire vivre la cohésion qui est aussi une longue tradition de Mayotte».
RR
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