Le diagnostic porté sur l’économie de Mayotte au début de l’année par l’IEDOM* n’est pas brillant. La première déception vient de l’activité qui enregistre un recul au 1er trimestre, contrairement à ce que laissaient présager les prévisions.
Et tous les secteurs sont concernés. Ainsi, dans le BTP, les réalisations «ne sont pas conformes aux anticipations des chefs d’entreprise», relève l’IEDOM. Après un point «très bas» touché en milieu d’année 2015, l’activité du secteur s’était stabilisée. Mais le début de l’année 2016 est marqué par une nouvelle dégradation de l’activité de la construction. Témoin de cette crise, les importations de ciment s’effondrent de 52,9 % d’une trimestre sur l’autre (-4,5% en glissement annuel).
Du côté des services marchands, la dégradation est également marquée à tel point que «les intentions d’investir dans le secteur reculent une nouvelle fois».
La tendance est un peu moins morose dans le commerce avec des effectifs en hausse au 1er trimestre et dans le secteur aquacole avec des exportations de poissons d’élevage qui progressent de 46,7% mais dans des quantités toujours faibles: 2,8 tonnes de poissons d’élevage ont été exportées.
Quelles conséquences pour les Mahorais ?
Si la consommation des ménages ralentit, elle reste à un haut niveau, aidé par les crédits dont l’encours augmente encore. Mais les signaux sont au rouge: les importations s’écroulent au 1er trimestre, avec -20,2% par rapport aux 3 mois précédents. Il faut dire que la fin de l’année 2015 avait été marquée par un pic exceptionnel.
Les principales catégories de produits sont affectées par cette baisse. Les importations de produits courants (-7,6%) et les biens d’équipement du foyer (-3,4%) sont particulièrement impactés… Mais les biens d’équipement professionnel et de biens intermédiaires le sont encore plus avec des replis de 21,4% et 13,8%.
Les immatriculations de véhicules neufs sont également en baisse (-3,7%) sur ce 1er trimestre mais restent sur une augmentation de 9,9 sur un an.
Des demandeurs d’emplois bien plus nombreux
Dans ce contexte économique sombre, le nombre de demandeurs d’emploi repart à la hausse. Au 31 mars 2016, Pôle emploi dénombre ainsi 12.213 demandeurs d’emploi de catégorie A (+3,9% en variation trimestrielle). Cette augmentation concerne toutes les catégories d’âge hormis celle des plus de 50 ans (-0,7%). Toutefois, l’ampleur de cette hausse est plus importante pour les demandeurs d’emploi âgés de 25 à 49 ans (+3,3%). Elle touche également un peu plus les hommes à la recherche d’un emploi (+2,7%) que les femmes (+0,4%).
En glissement annuel, les demandeurs d’emploi sont bien plus nombreux, conséquence à la fois de la conjoncture et de la normalisation des inscriptions à Pôle emploi. Sur un an, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A grimpe de 11%.
Optimisme mesuré pour le 2e trimestre
Malgré tout, les entreprises du commerce ou des services tablent sur une activité en progrès au 2e trimestre et l’Indicateur du climat des affaires (ICA) augmente. Il gagne 8 points pour s’établir à 106,7 points. Il repasse ainsi au-dessus de sa moyenne de longue période pour la première fois depuis un an. Mais l’IEDOM modère ce petit optimisme. «Dans un contexte socio-économique troublé depuis le début de l’année, les entreprises (…) essayent de rester confiantes dans l’évolution de l’économie».
Les prévisions d’investissements restent en demi-teinte, importantes dans le commerce mais en fort repli dans les services. «Toutefois, les investissements tardent à se concrétiser. Il est permis de se demander si les entreprises ne les diffèrent pas en attendant de retrouver des certitudes sur l’évolution de la conjoncture», note l’IEDOM. Compte tenu de l’état des lieux économique du début d’année, ça ne serait pas très étonnant.
RR
www.jdm2021.alter6.com
*IEDOM, Institut d’émission des départements d’Outre-mer, le bars de la Banque de France dans les DOM.
Comments are closed.