Cette année météo ne fait pas dans la demi-mesure. Après un premier trimestre particulièrement pluvieux et chaud, avec à la clé de nouveaux records mensuels, Mayotte entre dans une nouvelle période peut-être plus préoccupante que la précédente. On parle cette fois-ci de sécheresse et elle pourrait être particulièrement marquée.
Déjà au mois de juin, les indicateurs ont de quoi alerter. Il n’est tombé que 4mm à Mamoudzou, 11mm à Mzouazia et 33mm à Mtsamboro. «On est très très déficitaire au nord-est, de Koungou à Dembéni et sur Petite Terre, et déficitaire dans l’extrême sud», explique Bertrand Laviec, le responsable de Météo France à Mayotte. On s’approche en effet des niveaux de pluies historiquement faibles.
«Au-delà des aléas, ce qui est intéressant de regarder, c’est le rapport à la normale depuis la fin de la saison des pluies, début avril. A part à Pamandzi où la pluviométrie est à 90% de la normale, partout ailleurs on est entre 53% et 70% des précipitations normales». C’est Dembéni qui décroche la palme du plus grand écart par rapport aux normales.
«On parle toujours de saison sèche mais il ne faut pas oublier que normalement, il pleut tout de même un peu durant cette période de l’année», rappelle Bertrand Laviec.
La niña et ses conséquences
Après l’épisode El niño, l’ensemble de la planète et donc l’océan Indien commence à subir les effets du contre-coup, la niña, avec des températures océaniques qui connaissent des niveaux anormalement bas. «A Mayotte, les précédents épisodes de la niña se sont traduits par des températures plus fraîches et surtout par une pluviométrie moins importante et une saison des pluies plus tardive», explique Bertrand Laviec.
Si le météorologue ne va plus loin dans le raisonnement, il se pourrait bien que l’enjeu des prochains mois à Mayotte, sera le maintien de l’accès à l’eau aussi bien dans les campagnes que dans les zones urbaines.
Pire que fin 2015 ?
Comme dans tous les départements, le comité sécheresse continue de se réunir régulièrement sous l’égide de la préfecture et avec l’ensemble des acteurs impliqués sur les questions de l’eau à Mayotte, de la DEAL au SIEAM, en passant par l’ARS et le département.
La situation de crise de la fin de l’année dernière pourrait donc avoir servi de répétition grandeur nature pour la fin de cette année 2016. Cette période avait été marquée par des restrictions de l’usage de l’eau et l’arrivée dans le département de pompes pour assurer un basculement des eaux du nord vers le sud.
Impossible de savoir si ces analyses seront pertinentes à 100% mais à Météo France, on alerte également sur l’impact à plus long terme de changements climatiques de plus en plus perceptibles sur notre île. En raisonnant à l’échelle du siècle, les spécialistes prévoient que cette situation anormale devienne la règle, avec une saison des pluies qui déverserait sur nous les mêmes quantités d’eau, mais sur une période bien plus restreinte.
Au moment où les travaux sur le Plan Climat Energie (PCET) viennent d’être lancés par le département, tous les acteurs du secteurs sont d’ores-et-déjà prévenus des enjeux pour notre île.
RR
www.jdm2021.alter6.com
Comments are closed.