« Lorsque j’étais petit, j’avais eu de violentes douleurs abdominales que ma mère a soignées avec une décoction de feuilles de moringa », se souvient Salim Moussa, professeur de SVT (Sciences et vie de la Terre). Un événement qui l’aura marqué et qui l’a incité à compiler bien des années plus tard, avec son collègue Saïd Abdoul Madjid, ses connaissances en herboristerie. Qu’il a doublé avec quelques publications d’études scientifiques.
Vous avez des problèmes cardiovasculaires ? L’avocat, le taro, ou les feuilles de patates douces sont faites pour vous. Du diabète ? Le fruit à pain vous offre sa chair. Vos ulcères d’estomac vous font tordre de douleur ? Redécouvrez les vertus de la banane, ou du curcuma. Vous souffrez d’insomnies ou de troubles musculaires, usez et abusez de la citronnelle en décoction.
Quant aux risques de cancer du colon ou du col de l’utérus, les fruits et légumes mahorais rivalisent de bénéfices en la matière : papaye, curcuma, citrouille, encore elle…
La vedette incontestée de cet inventaire vert, c’est le gingembre : anticoagulant, anti-inflammatoire, il permet de combattre la maladie d’Alzheimer sec ou en poudre, les douleurs rhumatismale et articulaires. Quant à son légendaire effet sur l’activité sexuelle, il n’est pas confirmé ici, « mais on note quand même qu’avec une baisse de la consommation, les hommes s’affaiblissent de plus en plus dès 30 ans ici ! » Un remède au taux élevé de natalité ?…
Malades de notre alimentation
Cet abandon des pratiques locales de consommation, Salim Moussa le déplore : « Je n’ai jamais dépensé plus de 200 euros par mois pour nourrir ma famille de trois enfants. Je n’ai jamais acheté de carton de mabawas, ni de sodas. Je n’achète presque rien en fruits et légumes Ceux qui ont de l’espace, plantez ! Vous vous régalerez de jus de grenadilles (fruits de la passion) ou de citrons. Il faut aussi diminuer sa consommation de viande. »
Il pointe du doigt la sédentarisation de la population, « avant, on allait à l’école à pied. Et les week-ends, avec ma famille nous nous rendions à pied de Mamoudzou à Sada, aller-retour. »
En conclusion, la faible consommation en graisse animale, doublée d’une activité physique, préservait la bonne santé des habitants de l’île. « On se soigne pour des maladies pour la plupart liées à notre alimentation. »
Si vous avez manqué ce bilan santé par l’herboristerie, pas de soucis, les deux enseignants ont couché tout ça sur le papier, dans un livre en instance d’impression, « Alimentation d’hier et d’aujourd’hui », et envisagent de proposer avec le Musée de Mayotte (MuMa) une sortie découverte. A ne pas manquer tant les faux-amis sont légion, « par exemple, la Morelle noire est toxique en métropole, pas ici. » Alors pour ne pas empoissonner sa belle-mère par erreur, suivez le guide.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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