Le Secrétaire général à la mer, et ancien préfet de Mayotte en 2007-08, Vincent Bouvier est revenu pour 24h sur un territoire auquel il est « attaché. » Il n’a d’ailleurs pas vraiment changé. Il est dans la région pour assister à la Conférence maritime régionale à La Réunion.
Et il couvre tous les sujets maritimes, puisque le Secrétariat à la mer, créé en 1995, est placé sous l’autorité du 1er ministre, et pour mettre en cohérence les politiques maritimes qui ont trait à différents ministères, des Transports, de l’Ecologie, de la Défense, etc.
C’est plus particulièrement sur le thème de l’immigration clandestine qu’il a axé sa visite, en ayant rencontré la Police aux frontières, la gendarmerie, les douanes ou la marine nationale. Il a rappelé les mesures déjà annoncées par Ericka Bareigts pour Mayotte, autour de trois points, la surveillance, le développement des moyens et la coordination des acteurs, en précisant les échéances de mise en place.
Spationav V2 pour y voir plus clair
« En matière de surveillance maritime, nous améliorons le système d’exploitation des 4 radars en adoptant dans le courant de l’année 2017, le Spationav V2 le même que celui qui sera installé sur le porte-avion Charles de Gaulle, qui va affiner la résolution. Nous expérimenterons les drones en début d’année 2017, ainsi que le développement de l’intervention des patrouilleurs, et du Falcon 50. C’est aussi mi-2017 que le deuxième bâtiment de la gendarmerie maritime arrivera, et sera basé comme le 1er, à Mayotte. »
En matière de coordination des moyens, le Secrétaire général rappelait qu’une uniformisation des bateaux utilisés par les différents services en mer, pour améliorer la logistique est en cours. « Je suis aussi venu prendre note des besoins pour répondre à l’implantation d’une décentralisation de la surveillance avec un point fixe au nord de l’île », où arrivent les kwassas en provenance d’Anjouan.
Des méthodes de lutte contre l’immigration modifiées en permanence
Des stratégies auxquelles s’adaptent les passeurs, « nous modifions chaque semaine nos méthodes d’interception, les recherches se portent plus au nord par exemple actuellement », explique Florence Ghilbert-Bézard, directrice de cabinet du préfet de Mayotte… et qui fut chef de cabinet de Vincent Bouvier lorsqu’il y était en poste.
Sur beaucoup de sujet, Vincent Bouvier est resté très général. Le Port de Longoni en fait partie. Il n’a donné aucune précision sur un éventuel Grand port maritime, mais a seulement expliqué qu’« il y a eu des investissements importants pour le moderniser, il faut maintenir cet objectif de développement, en gardant à l’esprit qu’il pourrait être un petit hub, en tenant compte aussi des ambitions de La Réunion. »
En matière de pêche, les locaux se plaignent du tarissement de la ressource : « Mayotte est devenue Région Ultrapériphérique et à ce titre, nous ne pouvons empêcher les thoniers de venir dans la zone. Il faut plutôt voir comment développer la flotte de bateaux pour que les pêcheurs locaux aillent hors lagon. »
Partage de la ZEE avec Mada
Sur les problèmes de d’exploitation sur la Zone économique exclusive (ZEE) en bordure de celle des Comores, il prône le dialogue. Même réponse sur la revendication par Madagascar des Iles Eparses, à qui une résolution des Nations Unies donne raison, « mais pour Mayotte aussi, non ?! », s’exclame Vincent Bouvier.
Beaucoup d’argent est en jeu, en particulier à Juan de Nova, où l’on entend parler de 6 à 12 milliards de baril de pétrole, sans évoquer le gaz, et c’est un désaccord qui a poussé Madagascar à refuser de participer à la coopération transfrontalière avec Mayotte : « Nous étudions avec Madagascar un partage possible de la ZEE de manière satisfaisante pour les deux parties. » Thomas Pailloux, Chargé de mission auprès du secrétaire général de la mer, précisait « que les négociations ont repris en juin dernier.
Après le point presse, Vincent Bouvier rencontrait les acteurs du Parc Naturel Marin (PNM) de Mayotte, « je crois que tout le monde a compris ici qu’il n’y a pas opposition entre développement du territoire et la protection de la ressource, au contraire, ils sont liés, et indispensable à l’arrivée de touristes sur votre île. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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