28.9 C
Dzaoudzi
jeudi 2 mai 2024
Accueilorange30 ans de l’ACFAV : « Si j’étais une fille, je n’aimerais...

30 ans de l’ACFAV : « Si j’étais une fille, je n’aimerais pas être embrassée de force »

Djamayel Djalalaine appelait à
Djamayel Djalalaine appelait à éliminer ces violences

« Moi si j’étais un homme, je t’offrirais des fleurs pour ton appartement, je serais romantique »  chantait Diane Tell. C’est sur ce modèle que des collégiens de Koungou ont affiché sur des panneaux les regards croisés, garçons-filles, souvent machistes, puisqu’il s’agissait de dénoncer les violences faites aux femmes, avec quelques perles, « si j’étais une fille, je n’aimerais pas être appelée ‘pétasse’ », ou de l’autre côté, « si j’étais un garçon, je leur dirais ‘Eh, les gars ! Ne touchez pas à un cheveu des filles sinon je vous dénonce à la police’ ».

Des vérités aussi, « si j’étais une fille, je voudrais la même liberté que les garçons » ou « si j’étais un garçon, je leur expliquerais qu’une fille peut être policière, boxeuse ou médecin », « je laverais les assiettes et rangerais les chambres ». Et des douleurs, « si j’étais une fille, je n’aimerais pas être embrassée de force », « je n’aimerais pas être frappée si je faisais mal les choses », ou « si j’étais un garçon, j’arrêterais d’insulter les filles. »

L’ACFAV, Association pour la condition féminine et l’aide aux victimes, qui va basculer dans le giron de France Victimes, est née de la capacité à s’indigner de Faouzia Cordji qui a créé en 1986 l’association de défense de la condition féminine. Elle fêtait ce vendredi ses 30 ans sans la présence de représentants de la préfecture de Mayotte, ni du conseil départemental, ni des maires.

« ‘Elimination’ des violences faites aux femmes »

Reconstitution de situations qui débouchent sur de la violence
Reconstitution de situations dont l’engrenage amène à des actes violents

Il ne faut pas croire que cette société matriarcale qu’est Mayotte, dont les combats ont été portés par les femmes, est exempte de violences envers elles : « Nous avons accueilli 230 victimes à l’ACFAV depuis le début de l’année », rapporte son directeur – Djamayel Djalalaine, qui préfère parler d’une Journée « d’élimination » des violences faites aux femmes. La gendarmerie en a enregistrées 380.

Plusieurs dispositifs ont été mis en place. L’ouverture du service d’aide aux victimes a permis une prise en charge personnalisée, et le 55.55, numéro vert gratuit « mis en place par le sous-préfet Grégory Kromwell », disponible 24h/24, a enregistré 3.000 appels depuis sa mise en place en 2015.

En 2010, un service d’hébergement d’urgence a été installé, de 87 places dont 4 réservées aux femmes victimes de violence, après ordonnance de protection délivrée par le tribunal d’Instance. Et depuis 2015, le dispositif d’accueil de jour permet une prise en charge dans l’urgence, lors d’une fuite face aux violences physiques par exemple.

Pas encore de « Salle Mélanie »

Le clip de la classe ULIS du collège de Koungou
Le clip de la classe ULIS du collège de Koungou

« Il faut savoir que sur 100 femmes victimes de violences, 80 vont retourner vivre avec leur conjoint, ce qui a impliqué le recours à une conseillère conjugale pour une thérapie de couple », explique-t-il. Une permanence est assurée par Tama au sein des services de gendarmerie et de police.

Il reste malgré tout beaucoup à faire* pour Djamayel Djalalaine , « comme la mise en place d’une convention de main courante pour systématiser les plaintes, et d’une équipe de médecins formés. Ou le recours au téléphone doté d’une touche avertissant directement la gendarmerie. » Une structure n’existe pas encore à Mayotte, « la ‘Salle Mélanie’, du nom de cette jeune femme violée, qui dû répéter son agression aux gendarmes, psychologues, médecins successifs », revivant autant de fois son traumatisme, « maintenant, tous sont réunis pour l’entendre une seule fois. »violence-si-jetais-une-fille

Les collégiens de la classe ULIS de Koungou, proposaient leur clip vidéo sur le silence assassin des proches des victimes de violences, tandis que la classe de 3ème 3 se lançaient dans la reconstitution d’une scène qui ne pouvait que déboucher des actes violents. Une interprétation sans cafouillages de la part des comédiens en herbe, avec une Maria plus vraie que nature, dans le rôle de la copine envahissante et pas vraiment compatissante.

En conclusion, la répartie des parents auprès desquels leur fille Fatima se plaint des violences de son mari : « Il faut que tu supportes ça, c’est ton mari, rentre à la maison. » Mais ce n’est qu’une pièce de théâtre…

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

* Après Sada, Journée de sensibilisation aux violences faites aux femmes ce samedi 26 novembre 2016 depuis 8 heures à Bandrélé – Danses et chants traditionnels sur la thématique des violences faites aux femmes, interventions des partenaires et débats suivis d’échanges avec le public. Cette action est à l’initiative de la mairie de Bandrélé et portée par l’association Watoinia de Bandrélé.

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...