28.9 C
Dzaoudzi
vendredi 3 mai 2024
AccueilorangeL’accueil parlant de Marine Le Pen à Mayotte

L’accueil parlant de Marine Le Pen à Mayotte

"Marine présidente"... Un moment de choix pour la candidate FN
“Marine présidente”… Un moment de choix pour la candidate FN

Les 200 personnes qui suivaient en cordon la présidente du Front National, Marine Le Pen, contrastent avec le nombre d’adhérents, 83, au parti, présidé à Mayotte par Soiderdine Madi. Un accueil chaleureux, sans manifestations d’hostilité, c’est ce que les Mahorais ont réservé à la candidate aux présidentielles, de l’aéroport à l’accueil populaire de la barge.

Au mieux, une leçon de tolérance, au pire, la désignation d’un porte-drapeau des souffrances de l’île, c’est ce qui se dégage des commentaires et pancartes qui entourent la présidente du Front National.

Un tapis rouge, une voie royale… les qualificatifs n’étaient pas assez nombreux pour résumer les convergences de vue de beaucoup d’habitants de l’île en direction de la candidate FN.

Le flou habituel de l’Etat

"J'ai laissé mon parti pour rejoindre le FN", clame cette nouvelle militante
“J’ai laissé mon parti pour rejoindre le FN”, clame cette nouvelle militante

Le parti a vite compris qu’en matière d’immigration, il y avait des voix (relativisons, il n’y a que 78.500 électeurs) à récupérer des habitants de ce territoire où naît chaque jour l’équivalent d’une salle de classe. Avec en corolaire un accès de plus en plus difficile aux services publics pour les habitants, que ce soit l’hôpital, ou les classes qui repassent en rotation malgré les constructions et rénovations. Les cases en tôles délogent peu à peu la forêt, s’implantent chez les propriétaires terriens, le tout sans réaction ou presque des autorités.

Non seulement le budget de l’Etat n’augmente pas en proportion de l’accueil du flux migratoire, mais aucune solution n’est ouvertement proposée d’un projet de vie commune. C’est ce qui inquiète des habitants qui n’en peuvent plus d’attendre, et qui se tournent vers des solutions comme l’aménagement du droit du sol, demandé par Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, ou son annulation proposée par Marine Le Pen.

Deux poids deux mesures… non argumentés

Sur la place de la République où elle était accueillie, la mosquée et sa prière de midi
Sur la place de la République où Marine Le Pen était accueillie, la mosquée et sa prière de midi

Une chef d’entreprise, originaire de l’île, nous interpelle : « Je viens d’immatriculer ma société de restauration, et j’ai aussitôt sur le dos la commission d’hygiène et de sécurité, et les services vétérinaires. En descendant dans la rue, les bouénis sur le trottoir, vendent des œufs en plein soleil, un des aliments les plus périssables ! » Là encore, il faudrait une prise de parole forte pour expliquer l’évolution vers une économie formelle.

Mais comment le pourrait-on à Mayotte, quand cette expression n’est pas formulée en métropole, où l’on navigue de Calais en centre de migrants bis (le terme de jungle ou de camp ne choque personne), sans qu’une orientation claire d’intégration ne soit donnée. “Un sentiment d’abandon”, résumera Marine Le Pen au milieu de son bain de foule.

« Pas besoin de garde du corps »

Dans la cohorte qui accompagne la fille de Jean-Marie Le Pen, certains métropolitains, présents à Mayotte depuis plusieurs années, aux propos radicaux, et des élus qui n’ont rien à leur envier.

Prise dans le tourbillon du mbiwi
Prise dans le tourbillon du mbiwi

D’autres espèrent, attendent beaucoup : « J’ai laissé mon parti pour le FN, parce que j’en ai marre des clandestins », annonce une femme devant les caméras. « Pas besoin de garde du corps, vous êtes ici chez vous », « Marine présidente ! », scande la foule. Plus loin, sur le marché que traverse la candidate, pour honorer les commerçants qui paient leurs patentes, a contrario de ceux qui vendent à l’extérieur et que la mairie a chassés pour un jour, un homme grommelle derrière son étal « ça, c’est la raciste numéro 1 ! »

L’Union des Comores se vide de sa population, que Mayotte peine de plus en plus à accueillir. Sans qu’aucune solution diplomatique ne soit trouvée, ni véritablement recherchée. Avec cet accueil de Marine Le Pen, la population exprime quelque chose qu’il ne faut pas négliger.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

1 COMMENTAIRE

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139509
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139509
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139509
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139509
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139509
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139509
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...