Que ce soit en métropole ou dans les territoires ultramarins, l’actualité est chaude pour les policiers. L’agression de Viry-Châtillon aura remis sous les feux des projecteurs des policiers déjà sous tension lors des attentats parisiens. A Mayotte, si la situation s’est momentanément apaisée, la police se sent déshéritée par des annonces non tenues du Plan Cazeneuve.
C’est dans ce contexte qu’Eric Mildenberger a été élu il y a un an Délégué national Outremer Alliance Police nationale, et qu’il fait donc la tournée de ses circonscriptions. Arrivé de La Réunion où il était avec le secrétaire général du mouvement, il passe 4 jours sur notre île, « j’ai déjà fait une patrouille avec les collègues dans les quartiers de cases en tôles », souligne-t-il.
Son objectif est naturellement de glaner des adhésions supplémentaires, puisque sur 400 fonctionnaires de police à Mayotte, en comptant tous les secteurs, le syndicat Alliance en enregistre un tiers. Le mouvement de grève des policiers Mahorais, en solidarité avec le mouvement national, portait notamment sur la législation en matière de légitime défense.
« L’ordonnance de 45 n’est plus adapté à notre temps »
Les avancées sont « moyennement satisfaisantes », selon lui, puisque s’ils vont pouvoir utiliser leur armes dans le cas d’une absolue nécessité, comme celle d’une menace au cocktail Molotov, l’évolution n’est pas inscrite au Code de procédure pénale, mais seulement au Code de la sécurité intérieure, « nous sommes pénalement moins protégés. » Pas d’écho favorable en revanche à la suppression des peines plancher.
Le départ de Bernard Cazeneuve et l’arrivée de Bruno Le Roux ne vont rien changer au mouvement national des policiers, pense-t-il, « le problème est plus profond. Nous avons affaire à des délinquants qui n’hésitent plus à tirer sur la police. Nous attendons des mesures fermes. »
La révision de l’ordonnance de 1945 qui protège les mineurs est de celle-là : « Elle n’est plus adaptée à la jeunesse d’aujourd’hui, nous devons l’adapter à notre temps. Nous avons de plus en plus de délinquants mineurs », un problème que connaît bien Mayotte… « Notre Secrétaire général Alliance doit questionner sur ce sujet les futurs candidats à la présidence de la République. »
La topographie des lieux complique sa sécurisation
Quant aux revendications locales, c’est surtout la compta défaillante du Plan Cazeneuve qui a créé le malaise. On sait que sur les 76 policiers annoncés, la majeure partie était des remplacements, mais Eric Mildenberger a sorti sa calculette et en enregistre 35 en renforts réels, la où la préfecture n’en avait que 14. « Une déficience que nous allons relayer, avec cette difficulté que nous sommes en période d’élections présidentielles, et que la métropole a elle aussi ses difficultés à résoudre. »
Il évoque des difficultés locales énergivore en effectifs : « La topographie des lieux, avec une routes principales et des ruelles qui s’enfoncent dans les quartiers sombres rend la tâche des policiers particulièrement difficile. Ils peuvent être à tout moment victimes de guet-apens. » Il déplore les véhicules, “comme les Berlingos”, inadaptés aux trous des routes.
Autre écueil, les phénomènes de bandes comme les coupeurs de route, « des circonstances dans lesquelles ils sont insuffisamment nombreux. On a de la chance que les armes ne soient que des coupe-coupes ou des cailloux… C’est au préfet d’aller plaider le manque d’effectifs », tranche-t-il.
Problème de management au commissariat
Une fronde qui s’est traduite en métropole par la mise en place d’un service minimum dans certains commissariats, « il ne s’agit pas d’arrêter de travailler, mais de ne pas faire d’excès de zèle, notamment en matière de contraventions. Nous devons par contre assurer la sécurité de tous les citoyens, c’est notre cœur de métier. » Il ne sait pas encore si ses collègues mahorais comptent l’appliquer, « nous y réfléchissons », glisse Thierry Lizola, secrétaire départemental Alliance Police nationale.
Ils traitent pour l’instant en réunion de bureau d’un problème de management à la Direction départementale de la Sécurité publique, un directeur adjoint qui ne passerait pas auprès de ses collègues.
Avant de clore l’interview, il tient à souligner le professionnalisme des policiers ici, « ils travaillent dans des conditions très difficile que l’on pourrait retrouver par moment dans le 9-3. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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