27.9 C
Dzaoudzi
samedi 4 mai 2024
AccueilEconomieBrice Houeto: «Avec la crise de l’eau, Lafarge Mayotte perd plus de...

Brice Houeto: «Avec la crise de l’eau, Lafarge Mayotte perd plus de 50% de son chiffre d’affaires»

Brice Houeto : "Je n'ai pas voulu communiquer sur le non-lieu"
Brice Houeto : “Je n’ai pas voulu communiquer sur le non-lieu l’année dernière”

Le grand béninois s’apprête à accueillir ses invités lors des journées portes-ouvertes de son entreprise Lafarge Mayotte, à Longoni. Avant, il répond volontiers aux questions des journalistes.

S’il n’a véritablement pris les commandes au début de l’année 2014, la crise du Chrome VI l’a obligé à un aller-retour fin 2013 : « Je tiens à remercier la justice, la Dieccte et les services de contrôle de l’Etat, qui ont été efficaces. » Petit retour sur des évènements qui ont vu les deux importateurs de l’île, Lafarge et Ballou, s’affronter à coup d’analyses de leur ciment.

En août 2012, et sur demande de la Direction du travail (Dieccte), le préfet de Mayotte prend un arrêté d’interdiction d’importation de ciment, une teneur en Chrome VI supérieure à la normale, aurait été découverte. Elle peut provoquer chez ceux qui le manipulent, des problèmes respiratoires ou d’allergies.

Le mode de traitement de Chrome VI par sulfate d’étain est pointé du doigt par l’instruction, menée par le juge Hakim Karki, qui place le directeur et son second en garde à vue. Ils seront mis en examen, et le préfet, soupçonné d’avoir laissé faire par peur de rupture d’approvisionnement.

Non-lieu en 2016

Zone de prélèvement des échantillons
Zone de prélèvement des échantillons

L’épilogue, Brice Houeto nous le livre ce mardi matin : « Nous avons obtenu un non-lieu en 2016. » Les scellés avaient été levés en 2015, « mais le juge Karki les a maintenus 18 mois. Or, les analyses sur le ciment ne sont plus valables 6 mois après. » Il assure que le mode de prélèvement lors de l’instruction était contestable. Une mésaventure qui l’a incité à prendre une première décision : mettre en place le seul laboratoire à ciment de l’île, « opérationnel depuis mars 2016. » Le ciment en vrac en provenance de Malaisie doit être traité, « nous utilisons le même sulfate d’étain qu’avant la crise pour baisser le seuil de Chrome VI. »

En 2016, Lafarge a importé 55% des 90.000 tonnes de ciment qui sont arrivées sur l’île, se partageant le marché avec l’entreprise Ballou. Qui connaît une crise sociale depuis presque 2 mois, mais dont ne profite pas Lafarge, elle-même impactée par une autre crise, celle de l’eau. Avec un arrêté préfectoral qui interdit tout ciment de chantier : « Nous avons perdu 50 à 60% de chiffre d’affaires. Nous nous fournissons actuellement en ciment prêt à l’emploi qui n’est pas interdit, chez ETPC et IBS. »

Pas de licenciement pour l’instant

Journée Portes-ouvertes sur le terminal cimentier de Longoni
Journée Portes-ouvertes sur le terminal cimentier de Longoni

Lafarge Mayotte emploie 25 salariés en CDI, ainsi que des sous-traitants. Brice Houeto n’envisage pas de licenciement pour l’instant, « mais il ne faut pas que la situation s’éternise. » Les passages de navires pneumatiques qui livrent le ciment habituellement toutes les 7 semaines, s’espacent.

Les Journées Portes-ouvertes sont une occasion de dialogue, « nos partenaires nous font remonter leurs préoccupations, leurs demandes, comme celle portant sur des sacs qu’ils préfèrent en plastique plutôt qu’en papier. » Ce sont 70.000 tonnes de ciment qui sont vendus en sacs de 25kg, entre 4,10 euros et 4,30 euros pièce, « la concurrence a introduit des qualités de ciment différentes, nous nous adaptons. »

Jongler avec le ciment

Le ciment Hodari en provenance de Malaisie
Le ciment Hodari en provenance de Malaisie

Les maçons ont le choix désormais, et peuvent jongler avec 3 catégories, un « spécial béton », un « spécial crépissage », ou le « spécial parpaing », le tout est de savoir s’en servir : « Nous allons proposer une académie de maçons, qui pourront bénéficier d’une formation universitaire de professeurs d’IUT ou de lycée professionnels. »

Une montée en compétence d’autant plus nécessaire, que le marché évolue, et qu’il envisage la construction de demain comme « plus fine, avec des contraintes supplémentaires, comme une luminosité accrue dans les bureaux. »

Un autre produit d’avenir à Mayotte, c’est la brique en terre-cuite, mais moins dense en ciment que les parpaings. Une concurrente donc, mais encore petite, « les deux produits peuvent en effet se cannibaliser », avoue-t-il, en assurant être partenaire pour le développement de la petite brique en terre cuite mahoraise.

Un défi qu’a du mal à relever Lafarge, c’est celui de son implantation régionale, avec une opposition claire de Moroni à toute importation concurrentielle de ciment, qui avait accepté l’entreprise sous réserve de la construction d’une cimenterie. S’il dirige les deux sociétés, Brice Houeto préfère parler de deux identités sœurs,

L’entreprise, filiale de Lafarge-Holcim, a donc redressé la tête, en passant d’un chiffre d’affaires de 8,5 millions d’euros en 2015 à 12 millions d’euros en 2016, « c’est notre seule année pleine ! » Entre deux crises…

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139511
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139511
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139511
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139511
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139511
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139511
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...