Trois mois de travail et de mobilisation. Les membres du «Collectif de Citoyens vigilants et révoltés» ont décidé de se battre pour défendre les droits des victimes. Ils veulent monter un comité départemental et comptent bien faire aboutir leur démarche avant l’anniversaire de la départementalisation. Ils en font un symbole.
«Depuis toujours, les Mahorais ont voulu rester Français pour rester libres, dans une République qui protège ses habitants, leur religion, leur identité, leur sécurité. Et alors que les lois protègent les citoyens, nous avons des bandits qui veulent nous soumettre à d’autres lois et ça, c’est intolérable», explique Foumo Silahi, le président de l’association.
Son objectif est donc de mettre en place un comité départemental d’aide aux victimes, sur le modèle de ce qui existe ailleurs en France. «La solitude des personnes victimes des coupeurs de routes, d’agressions, de cambriolages, de viols, d’occupations illégales… de toutes les formes de délinquance n’est plus supportable. C’est un manque de respect», explique-t-il. «Jusqu’à présent, on a l’impression que les victimes sont considérées comme les animaux qui sont percutés par les voitures sur la route. On les pousse sur le côté pour pouvoir passer et on ne s’occupe pas d’eux. Ce n’est plus possible. Les autorités doivent être avec nous. Il ne faut pas attendre que nous soyons tous morts pour réagir».
Les suivis qui font défaut
La colère de Foumo monte depuis que certains de ses proches ont été, eux-mêmes, victimes des coupeurs de routes. «J’ai un cousin qui a été hospitalisé et qui a dû partir en métropole se faire soigner. Aujourd’hui, sa mère est en difficulté. Ses enfants ne vont pas bien. La famille n’a pas été assistée par un psychologue, personne ne leur a rendu visite pour savoir comment ils vont», explique Foumo. «La cellule familiale, la solidarité nous a servi de suivi psychologique. Les prières collectives nous ont aidé a parlé et exprimer ce que nous ressentons. Mais nous avons aussi besoin de professionnels expérimentés qui nous épaulent».
La mise en place de cette structure départementale d’aide aux victimes doit concerner tous les aspects auxquels sont confrontés ceux qui ont subi personnellement un événement traumatisant mais aussi leurs proches. Suivi médical, psychologique, accompagnement administratif, compensation financière, garantie des droits mais aussi reconnaissance d’un accident de travail, autant d’appuis qui font défaut actuellement à Mayotte.
«Notre objectif est aussi de faire en sorte que ceux qui ont perdu leur voiture ou leurs papiers puissent bénéficier de démarches allégées et qu’ils soient prioritaires face à l’administration.»
Une société civile impliquée
Le collectif a déjà été accueilli en préfecture et a reçu un écho favorable à sa démarche. Et ce mercredi, Foumo Silahi fait un pas de plus vers la constitution de ce comité d’aide aux victimes en lançant un appel* à tous ceux qui se sentent concernés. «Nous voulons installer ce comité à Sada mais il concerne tout le département. Nous avons besoin de témoignages et que ceux qui se sentent isolés viennent prendre la parole et partagent ce qu’ils ressentent, qu’ils soient directement concernés ou simplement terrorisés face à ces événements», explique-t-il.
Foumo sait que prendre la parole pour exprimer ce «ras-le-bol général» est déjà un premier pas pour tous ceux qui doivent reconstruire leur vie après un événement difficile. La démarche est importante et montre, une fois encore, l’émergence d’une société civile impliquée dans tous les aspects d’un quotidien qu’elle veut, plus que jamais, prendre en main. Pour que les Mahorais soient les acteurs en responsabilité de leur vie.
RR
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