La direction du CHU de La Réunion espérait obtenir un coup de pouce. Elle devra faire des économies. Le Copermo (comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins) lui demande de réaliser 10 millions d’euros d’économies supplémentaires sur un plan qui en prévoit déjà 28,8 millions d’euros.
Les conséquences sur l’emploi semblent désormais inévitables. Cette demande obligerait les hôpitaux de Saint-Pierre et de Saint-Denis à supprimer 250 postes d’ici 2021. Le premier plan d’action en prévoyait au moins 190.
La restructuration du CHU s’annonce d’ampleur. Il est contraint de revoir toute son organisation pour éviter que chaque exercice ne rajoute des déficits: 20 millions d’euros en 2015 et 25 millions d’euros en 2016. Sans refonte de son projet médical, il ne parviendrait à diminuer son déficit que de 3 à 5 millions d’euros.
Ce fameux projet médical fait aujourd’hui l’objet d’âpres négociations entre les médecins, la direction du CHU et l’Agence régionale de santé (ARS). Et Mayotte fait partie de ces discussions. Le coût des évacuations sanitaires de notre département vers la Réunion et la compensation des missions des médecins réunionnais à Mayotte devraient eux aussi faire l’objet d’un examen détaillé.
Les médecins écrivent à l’ARS
Face à la crise, les médecins ont déjà fait part de leur opposition à ce nouveau plan d’économies. Ils estiment avoir déjà épuisé toutes les marges de manœuvre possibles. Pour eux, aller plus loin reviendrait à mettre de côté les besoins de la population réunionnaise. Or, «La Réunion est touchée par une véritable explosion des maladies chroniques comme les insuffisances cardiaques, l’asthme, le diabète, l’obésité, l’hypertension ou encore l’insuffisance rénale, comme l’a révélé un rapport sénatorial en octobre dernier.
Plus de 300 médecins ont écrit à l’ARS pour faire part de leur point de vue et mettre en doute le soutien de François Maury, le directeur de l’Agence. Ils regrettent en particulier «l’absence de signal fort autour des aides concernant Mayotte».
Les choix d’investissements en question
Le premier plan d’action a déjà dressé les grandes lignes du futur fonctionnement de l’hôpital. Comme c’est déjà le cas en métropole, le CHU va prendre «le virage ambulatoire». En clair, il va favoriser les hospitalisations de jour, réputées moins coûteuses, au détriment des hospitalisations de longues durées. Des lits seront supprimés dans plusieurs services. Entre 50 et 70 suppressions de lit étaient déjà programmées et 75 supplémentaires pourraient être actées.
Dans le même temps, le Copermo a aussi demandé de revoir le projet de bâtiment central de Saint-Pierre. Vu de Mayotte, les chiffres donnent le tournis. Le comité estime que le bâtiment ne correspond plus à l’offre de soins alors que ce grand projet du CHU est estimé à… 109 millions d’euros. Il doit sortir de terre en 2020 mais devra être réadapté à la nouvelle vision stratégique.
Bâtiment surdimensionné
C’est en revanche déjà trop tard pour le bâtiment de soins critiques de Saint-Denis en cours de livraison. Selon des médecins, celui-ci est surdimensionné. Le dernier étage, craignent-ils, ne devrait même pas être utilisé… Autant d’argent surinvesti à La Réunion alors que Mayotte manque cruellement d’équipements.
Le prochain passage devant le Copermo est prévu à la fin du mois de mars. D’ici là, les médecins ainsi que la direction et l’ARS devront avoir précisé leur projet médical. Mais les discussions sont aujourd’hui au point mort. Outre les médecins, les syndicats élaborent également une stratégie d’action. Peut-être serait-il temps de demander des comptes sur les stratégies d’investissement en matière de santé à l’échelle de l’océan Indien?
RR, le JDM
avec le JIR.
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