El Madjid Saindou, directeur d’Ariart et animateur de l’équipe de jeunes comédiens, avait choisi ce que le théâtre sait faire de mieux : évoquer des sujets dramatiques avec de l’humour, pour faire passer les choses en douceur. On pouvait s’attendre à beaucoup plus d’amateurisme pour cette première restitution au CUFR, alors que le jeu de scène laissait en réalité miroiter quelques perles.
La pièce utilise les ressorts du « théâtre dans le théâtre », avec des comédiens mélangés au public, qui instaurent un dialogue au cœur de la salle, prenant aussi à partie quelques spectateurs.
La lutte contre l’apartheid, thème central de la pièce, est vue sous forme satirique, à travers le combat de Chaka-libérateur-sauveur-messie, pour la cause noire en Afrique du Sud. On se moque de l’acceptation de la Vénus Hottentote, on assiste aux passages successifs de simili-prophètes, mais vrais charlatans, annonciateurs de libération du peuple, toujours pour le faire retomber dans l’asservissement. Se pose aussi la question de sa capacité de révolte.
« On casse la vie quotidienne au théâtre »
Tous n’étaient pas des graines de comédiens, et certaines avaient apparemment déjà germé. Faissoiti, étudiante en 1ère année de Droit, est une passionnée, « je faisais du théâtre au lycée en 1ère, ce qui m’a valu 20/20 à l’option du Bac. On casse la vie quotidienne dans le théâtre, à la fois on incarne un personnage, mais on se libère, on peut rire ou parler fort, en respectant les codes donnés. A la maison, j’écrivais des scénettes que je jouais avec mes sœurs. »
Mohamadi est déjà un vieux de la vieille, étudiants en L3 de Droit, et responsable des étudiants du CUFR, « j’ai été touché par la manière d’aborder le sujet sensible de l’apartheid, on fait passer des messages avec humour. »
Trois futurs comédiens professionels
Zinsou est un auteur qu’El Madjid Saindou a découvert au Centre dramatique de La Réunion. Il y a vu de l’intérêt au niveau du jeu scénique de la pièce dans la pièce, « je voulais travailler sur les fondamentaux du théâtre avec les étudiants », mais pas seulement, le fond n’a pas été choisi par hasard quand on connaît le jeune homme, « les thématiques restent régionales », glisse-t-il un peu trop sobrement, ce sera également le cas de la prochaine pièce. Une tragédie, mais on n’en saura pas plus.
Un travail de 9 séances de 3 heures, au sein d’une convention qui lie la compagnie Ariart et le Pôle culturel du CUFR, avec un accompagnement de la Direction des Affaires culturelles (DAC) de la Préfecture. « Sur la dizaine de bons comédiens, trois sont déterminés à en faire leur métier. Nous allons voir comment les accompagner. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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