Au lendemain de la visite du ministre de l’Intérieur, la Police Nationale a un peu la gueule de bois. Si le commissariat a subi un grand coup de jeune, avec une cour remise à neuf, les annonces n’étaient pas au rendez-vous. Face au manque d’effectifs, Thierry Lizola, porte-parole du syndicat Alliance Police nationale, réclame la fidélisation des policiers métropolitains, et le retour de policiers mahorais.
« Nous sommes à parité aujourd’hui, alors qu’en 2009 nous n’étions que 30 métropolitains. » Il reste dans la logique d’un effectif rattaché à Mayotte.
Le contexte de délinquance à Mayotte devrait inciter à muter les fonctionnaires qui le souhaitent dans leur territoire d’origine. Ce sont des hommes et des femmes qui connaissent le terrain et qui pourrait aussi coller parfaitement à une mise en place de la police de proximité : circuler dans les villages, discuter avec les jeunes désœuvrés… une prévention à côté de laquelle Mayotte ne peut passer.
Un système de points…
Interpellé sur ce sujet lors de sa visite de la brigade de gendarmerie de Mamoudzou, le ministre de l’Intérieur a répondu : « Je vais étudier la question, car on ne travaille bien sur la délinquance que si on connaît bien le contexte. »
Nous avons pu rencontrer le conseiller Sécurité Police de Bruno Le Roux : « Un système de points a été mis en place, ils augmentent avec la régularité des demandes pour un territoire. Beaucoup de remplissent pas les conditions. » Des conditions qui dépendent aussi du niveau d’études, et qui peuvent favoriser les métropolitains : « Il n’y a plus de passe droit, ils sont soumis à recours administratif », rassure-t-il.
Il précise que l’accroissement spectaculaire des effectifs en sorties d’école, « nous sommes passés de 450 en 2012 à 4.500 actuellement », va permettre d’affecter davantage de fonctionnaires.
… Revu pour faciliter le retour
Le sujet du retour des fonctionnaires de police natifs des DOM-TOM avait été l’objet d’une mission diligentée il y a 2 ans par Victorin Lurel, qui avait abouti en octobre 2015, au vote par l’Assemblée nationale de mesures pour aider les policiers ultramarins en poste dans l’Hexagone a obtenir une mutation plus facilement en Outre-mer. Les “centres d’intérêts matériels et moraux des fonctionnaires” sont devenus des critères obligatoires à prendre en compte dans les demandes de mutation.
Si le ministre annonce étudier la question pour les gendarmes, la problématique n’est pas la même, comme nous l’explique un gradé : « La gendarmerie est nationale, nous ne privilégions aucune affectation. Cependant, les natifs peuvent servir plus longtemps sur leur territoire, jusqu’à 11 ans. Car une excessive sédentarité peut être un handicap en terme de formation à l’évolution des techniques ou du matériel. Il faut sans arrêt se remettre en question, comme dans beaucoup de métiers. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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