Les métiers de la sécurité sont hélas en tension à Mayotte. En attendant que les vagues de travailleurs sociaux déferlent sur le marché pour anticiper la marginalisation des jeunes, il faut endiguer la délinquance. Le seul lycée du territoire à proposer un pôle Sécurité, c’est celui de Petite Terre.
A la tête de cet établissement de 1.700 élèves au site internet particulièrement fourni, Jacques Gorisse, qui connaît bien l’île : « Nous organisons tous les ans cette journée portes ouvertes qui s’adresse à tous les élèves de 3ème des collèges de l’île. Nous proposons un Bac Pro Sécurité, un CAP Agent de Sécurité et un CAP de Prévention et médiation. » Outre la Douane, les Pompiers sont partenaires et ont toujours autant de succès.
Cette année, 15 stands sont proposés sur le Forum des métiers de la sécurité, qui se déroule en parallèle de la Journée d’information des autres sections professionnelles, Bac pro Gestion Administration, Commerce, Employé de Commerce Multi-Spécialités.
Mon fils, ce héros
Mais les métiers de la sécurité attirent les élèves comme des aimants. La palme de la plus forte aura revient sans contestation possible à la gendarmerie. Son stand n’a pas désempli de toute l’après-midi. Plusieurs scolaires de 3ème ont d’ailleurs une idée bien précise du métier qu’ils souhaitent exercer, une sorte de mission : « Devenir gendarme, c’est défendre les gens, et même toute une nation entière. On peut être un héros sans super pouvoir ». Bon, tout le monde ne place pas la barre aussi haut que Dhini ou Adel. Quoique.
« Moi, en entrant dans la gendarmerie, je veux apprendre à me défendre, mais surtout à protéger mon pays contre les délinquants. Surtout en Grande Terre : là, on t’arrache ton sac même au milieu de l’après-midi ! », expliquent Rakchina et Rachma, depuis leur lycée de Petite Terre.
Deux voies leur sont ouvertes, celle de gendarme adjoint volontaire, sans condition de diplôme, où elles devront suivre 13 semaines de formation en écoles, puis 5 ans en unité pour préparer un concours interne, ou la voie avec Bac, et ses 10 mois de formation avant le concours externe. Seules 24 places sont proposées au lycée de Petite Terre. Elles peuvent aussi intégrer les corps de soutien, ces comptables ou responsables des ressources humaines dont ne pourraient se passer ces services.
La Police doit redorer son image
Les jeunes font cercle autour d’une démonstration toujours spectaculaire de maître-chien de la société UPS sécurité, en l’absence d’une brigade canine à Mayotte, pourtant annoncé dans le Plan Sécurité de B. Cazeneuve. « Je veux faire ça, un chien, c’est comme une arme sans que ce soit une arme à feu », entend-on, « c’est aussi un ami », lance un autre, rare à Mayotte où il n’a jamais occupé la place d’animal de compagnie.
La Police nationale ne fait pas pâle figure, mais le succès est moindre : « Les jeunes ont une forte représentativité de la gendarmerie présente partout sur le territoire, en dehors de la zone de Mamoudzou. Et la police est trop rapidement assimilée à la Police aux Frontières qui court après les clandestins », nous explique-t-on.
Boinali et Oussene, deux élèves de Terminale Bac Pro ont une explication : « Quand on fait un stage à la Police nationale, on reste sans rien faire. Alors qu’à la gendarmerie, on a un planning ferme. » Ils vont tenter les deux concours, gendarmerie et police nationale.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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