Nous sommes actuellement au beau milieu du pic de la leptospirose. C’est en effet traditionnellement en avril que le nombre le plus important de cas est diagnostiqué, au moment de la fin de la saison des pluies. Et actuellement, le compteur s’emballe: alors que l’ARS annonçait 40 cas entre début janvier et fin mars, nous en sommes maintenant bien au-delà des 70. Autrement dit, quasiment la moitié des cas de 2017 ont été enregistrés ces deux dernières semaines.
Et cette période a également été marquée par un décès. Selon nos informations, une personne est décédée des suites de la maladie. C’est la première fois cette année. Cette femme, âgée d’une quarantaine d’année, a contracté la maladie dans le nord de Mayotte. Elle a d’abord consulté à l’hôpital de Dzoumogné avant d’être évacuée vers les urgences du CHM à Mamoudzou. Mais les traitements antibiotiques n’ont pas permis d’enrayer la maladie qui a pris le dessus. La malade est décédée en début de semaine dernière.
Au total, ce sont donc désormais 8 personnes qui ont été hospitalisées en 3 mois et demi. Et si le pic de la maladie intervient en avril, c’est que les sols ne sont plus en mesure d’absorber les pluies abondantes. Les flaques et les zones inondées se multiplient et les urines des animaux contenues dans les sols, sont alors diluése sur de grandes surfaces. Problème: ce sont ces urines qui propagent la maladie. Pour les humains, il suffit d’une toute petite plaie comme une piqûre d’insecte en contact avec de l’eau souillée, pour que les bactéries pénètrent dans le corps et se développent.
Des symptômes importants mais communs
Comme on l’a vu, la maladie peut prendre une forme sévère. Elle est détectée après quelques jours d’incubation, grâce à des symptômes importants mais qui sont communs à de nombreuses maladies: une fièvre élevée souvent supérieure à 38,5°, des douleurs musculaires et articulaires, des signes digestifs et des maux de tête. La maladie peut s’aggraver en quelques jours et doit être traitée à temps par des antibiotiques. Il ne faut donc pas hésiter à consulter un médecin en cas d’apparition de ces signes et à y retourner en cas de doute.
Il est important de rappeler que les personnes les plus exposées sont évidemment celles qui marchent pieds nus, comme les enfants qui jouent dans les flaques. Dans les champs, ceux qui pratiquent des activités agricoles sans gants ni bottes et en savate peuvent aussi plus facilement que d’autres contracter la maladie.
Eviter les flaques et la boue
En conséquence, pour éviter d’attraper la maladie, il faut protéger d’éventuelles plaies de tout contact avec l’eau du sol. L’ARS recommande également d’éviter de se baigner ou de laver son linge dans les rivières. Tous ceux qui sont en contact avec la terre doivent porter des bottes et des gants. Et partout, il faut éviter de marcher pieds nus ou en chaussures ouvertes sur des sols boueux, dans des zones inondées et au bord des rivières, surtout après de fortes pluies.
Logiquement, il faut aussi lutter contre la présence des animaux qui propagent la maladie dans leurs rejets, à commencer par les rats. Pour éviter leur prolifération, il est conseillé d’entretenir régulièrement l’environnement de son domicile, en déposant ses poubelles dans des bacs de collecte et en éliminant les encombrants. Il faut aussi éliminer tous les restes de nourriture, y compris l’alimentation des animaux, qui pourraient servir de nourriture aux rats.
Un faible taux de létalité à Mayotte
L’an dernier, l’ARS avait compté 147 cas de leptospirose à Mayotte sur les 5 premiers mois de l’année, ce qui représentait un record. Il n’y en avait «que» 90 en 2015. La maladie redevient donc mortelle chez nous, alors qu’elle a tendance à l’être bien plus dans d’autres territoires, comme par exemple à La Réunion, où sévit une souche de la maladie plus violente.
Certes, La Réunion est le DOM le moins touché par la maladie avec une cinquantaine de cas en moyenne chaque année depuis 10 ans, selon une enquête de «Santé Publique France» publiée la semaine dernière. Mais c’est aussi le département avec le taux de létalité le plus élevé. 3% des patients décèdent de la leptospirose à La Réunion contre 0,7% à Mayotte, malgré un nombre de cas plus important.
Attention aux sports de nature
Là-bas, l’analyse des données entre 2008 et 2015 a montré que sur 354 cas, «la contamination était liée pour 35% aux activités agricoles non professionnelles» comme le jardinage ou l’élevage, essentiellement de volailles, pour 31% aux activités aquatiques (baignade, sports d’eau-vive, triathlon, pêche) et pour 15% aux activités agricoles professionnelles.
Santé publique France se réjouit néanmoins de la mise en place depuis 2015 d’actions de préventions spécifiques vis-à-vis des pêcheurs, des agriculteurs ou des personnes qui pratiquent l’élevage à domicile. L’étude estime aussi «que la vaccination permettrait d’éviter la plupart des cas» à La Réunion. Il est même question de la vaccination… des chiens errants. Comme les rongeurs, ils peuvent également disséminer la maladie.
RR
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