Mouhamadi Daou Bacar est donc reparti pour les Comores. Arrêté mardi à La Réunion puis transféré en centre de rétention administrative (CRA) de Mayotte, le sportif comorien a été au cœur de l’actualité de la semaine. Depuis août 2015 et sa participation aux Jeux des Îles, il n’avait pas regagné son île natale avec le reste de la délégation des Comores. Interpellé par les gendarmes sur un chantier de construction où il venait de commencer à travailler à Saint-Denis, Mouhamadi Daou Bacar a tenu La Réunion en haleine.
L’ultime épisode de la saga s’est donc joué hier au tribunal administratif de Saint-Denis, devant lequel il comparaissait en visioconférence depuis Mayotte.
«S’est-il fait remarquer en plongeant dans la délinquance? Non, il s’est fait remarquer par son coach car il courait tous les soirs à Champ-Fleuri (le stade de Saint-Denis). C’est un jeune de 22 ans doué qui est venu saisir sa chance à la Réunion», a tenté d’expliquer avec ferveur son avocat, Me Mihidoiri Ali. «Il s’est intégré dans un club où il a trouvé une nouvelle famille. Ils sont là aujourd’hui et depuis le début pour le soutenir».
Mercredi, alors qu’il avait été placé en rétention à l’Hôtel le Select, qui fait office de centre de rétention de la PAF réunionnaise, les agents de la Police aux frontières ont ordonné son transfert en catimini au centre de rétention de Mayotte.
Le préfet de La Réunion lui avait remis une coupe
«Il ne s’est jamais caché, il apparaissait dans la presse pour ses exploits sportifs. Le préfet (de La Réunion) ne pouvait pas l’ignorer car il lui a, lui-même, remis une coupe. Il est en situation irrégulière mais il n’est pas clandestin. Il a transmis une adresse, était-il nécessaire de le menotter et de le placer en rétention? Il aurait pu être assigné à résidence», a fait valoir l’avocat. Le conseil contestait principalement l’obligation de quitter le territoire français et l’interdiction de revenir pendant deux ans.
Le représentant du préfet a pointé l’absence de démarche initiée par le coureur en vue de régulariser sa situation. «Le fait qu’il pratique une activité sportive de haut niveau ne justifie pas sa situation. Il ne remplit pas les conditions pour prétendre à une carte de séjour et ne présente pas les ressources suffisantes».
Son entraîneur convoqué par la PAF
Le représentant du préfet de Mayotte a, lui, justifié la procédure et le transfert du sportif par les travaux en cours dans le centre de rétention de la PAF de la Réunion. «Il n’a aucune attache à la Réunion et l’adresse qu’il a fournie ne suffit pas à garantir sa représentation en justice. Il y a de sérieux risques de fuite».
Après délibéré, le tribunal a finalement confirmé l’obligation de quitter le territoire français (OQTF) mais a annulé l’interdiction d’y revenir. Me Ali entend néanmoins formuler une demande d’asile. «Je crains que s’il retourne aux Comores, il subisse les conséquences de son choix de rester à la Réunion après les Jeux des Îles».
L’entraîneur de son club, l’AC Entente du Nord Jean-Claude Cita, quant à lui, est convoqué mercredi prochain par les services de la PAF de La Réunion.
RR, le JDM
avec le JIR.
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