Dans des affaires de terrorisme présumé, la garde à vue peut être prolongée durant 96 heures. Celle de Jérôme L., arrêté jeudi matin à Saint-Benoît, a donc été prolongée samedi après-midi et pourrait durer, au maximum, jusqu’à mardi. Il est en garde à vue depuis sa sortie de l’hôpital où il avait été admis après avoir été touché par des tirs des policiers venus d’arrêter. Sa mère est également retenue au commissariat de Saint-Denis.
Les policiers étaient venus interpeller le suspect à l’aube, dans l’appartement où il vivait à Saint-Benoît (La Réunion), pour apologie du terrorisme. L’homme avait été signalé via la plate-forme spécialisée Pharos, pour des propos pro-jihad sur internet. Selon la préfecture de La Réunion, «l’homme a refusé de se rendre et a tiré au fusil de chasse sur les forces de l’ordre». Deux policiers et l’assaillant ont été blessés.
«De nombreuses armes et divers éléments permettant la confection de cocktails Molotov ont été saisis» dans l’appartement, ont affirmé dans un communiqué commun les ministres de l’Intérieur Matthias Fekl et des Outre-mer Erika Bareigts et la section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête. La question est évidemment de savoir à quel moment et à quel endroit le jeune homme allait passer à l’action et semer la terreur.
Un «loup solitaire» qui était prêt
Jérôme L. s’était converti récemment à l’islam, selon la préfecture, et avait prêté serment à Daesh, sans faire partie d’une filière de recrutement, ce qui expliquerait que ce «loup solitaire» soit apparu tardivement dans les radars de la police. D’ailleurs, les policiers ne s’attendaient pas à tomber sur quelqu’un prêt à passer à l’action.
En plus de sa mère, certains de ses proches -dont sa sœur et son beau-frère- ont été un temps placés en garde à vue eux aussi, avant d’être remis en liberté. A ce stade de l’enquête, ils affirment être étrangers aux projets du jeune homme et semblent même dépassés par la situation et par la tournure des événements. Sa mère affirmerait elle aussi avoir découvert avec stupeur la radicalisation de son fils. Elle aurait encore moins imaginé qu’il puisse ouvrir le feu sur les forces de l’ordre ni préparer un attentat. Mais les enquêteurs ont préféré la maintenir en garde à vue.
Une trentaine de gendarmes
Depuis jeudi, les investigations sont menées dans le plus grand secret et la presse réunionnaise ne parvient pas à obtenir d’indiscrétions, «pour des raisons de sûreté de l’Etat», confie une source judiciaire. Car il s’avère bien que Jérôme L. «préparait quelque chose», comme le prouve sa réaction lors de l’arrivée des policiers. «Il avait franchi un cap dans son engagement», explique une autre source.
Depuis vendredi, une quinzaine de policiers de la sous-direction anti-terroriste de la direction centrale de la police judiciaire et de la direction générale de la sécurité intérieure sont arrivés depuis Paris à La Réunion pour rejoindre le commissariat et se mettre au travail avec leurs collègues policiers réunionnais. Au total, une trentaine d’enquêteurs planchent sur cette affaire.
Transfer vers Paris
Le tireur sera très vraisemblablement transféré à Paris pour une mise en examen pour «tentative d’homicide sur policiers en lien avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs en vue d’une entreprise terroriste». Peut-être sa mère sera-t-elle également transférée.
Ce n’est pas la 1ère fois que des Réunionnais sont en première ligne dans des processus de radicalisation très avancés. Une filière jihadiste, la première en outre-mer, avait même été démantelée à La Réunion en juin 2015. Cette filière était dirigée par un prédicateur salafiste présumé de 21 ans surnommé «l’Égyptien». Il avait été interpellé en juin 2015 et transféré à Paris, où il a été mis en examen et incarcéré.
Selon les chiffres de la préfecture de La Réunion, une centaine de personnes soupçonnées de radicalisation est recensée dans l’île.
RR
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avec le JIR.
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