Fissurant une majorité qui affichait une unité, au moins en façade, Armamie Abdoul Wassion s’était en novembre dernier, pêle-mêle attaquée au cabinet qu’elle qualifiait de « mercenaires » du président Soibahadine, au 4ème vice-président lors de la passation de l’appel à projet sur l’EPHAD, puis à la DSP du port de Longoni qu’elle souhaitait dénoncer, et aux économies à mettre en œuvre au conseil départemental. Une action judiciaire est toujours en cours.
Ses charges à répétition contre se sont estompées, avec le temps, « j’ai même présenté mes excuses au président du conseil départemental », nous avoue-t-elle, assurant qu’ « il y a un temps pour dénoncer, et un temps pour travailler ». Nous étions donc entrés dans la deuxième phase de son combat.
Mais il n’est pas tombé dans l’oreille de sourdes combattantes pour Mayotte, et un comité de femmes est venue la chercher : « Ce ne sont pas des femmes leader, mais des citoyennes qui se sont reconnues à travers ma parole. » Elle a commencé par décliner, puis vient d’accepter, « je me présente aux législatives dans le sud », précise-t-elle.
Ses appels révoltés étaient cependant restés lettre morte, notamment parce que menés en solitaire. Elle assure en avoir tiré des leçons, « j’ai contacté plusieurs personnalités, mais il est encore trop tôt pour dire avec certitude si elles m’accompagneront. » En tout cas, « il n’y aura pas d’élus départementaux. »
Elle continue à déplorer que personnes ne lui ait emboité le pas au conseil départemental, « les élus ont l’habitude de se laisser dicter leur conduite, ce n’est pas mon cas. » L’élue de Mamoudzou I part donc à la conquête du sud, « dans mon canton de Passamainty, ils me connaissent, je vais donc installer ma permanence de campagne ailleurs. »
Sa candidature est officiellement annoncée ce mardi, mais son programme n’est pas encore figé : « Il tournera autour de la lutte contre la délinquance, en faveur de l’éducation, et d’adaptation de la fiscalité », lance-t-elle.
Poids plume contre poids lourds
Elle aura face à elle des poids lourds nommés Ibrahim Aboubacar, actuel député, Mansour Kamardine, ex-député, Ibrahim Boinahery, ex-président de l’Association des maires, ou Ahamed Attoumani Douchina, ex-président du conseil départemental. Même pas peur ! « Avant d’être poids lourds, ils étaient des poids moyens, et moi, c’est la population qui est venue me chercher. »
Si elle ne veut plus trop s’exprimer sur le conseil départemental, elle déplore que rien n’ait évolué depuis sa saillie, « mais alors rien ! Tout est resté tel quel, notamment sur la mise à disposition des chauffeurs. La plupart des élus vivent au-dessus de leurs moyens, moi, je n’ai pas changé les miens. »
A la manière d’un Philippe Poutou, elle est entrée dans l’arène parmi les plus aguerris, « mais sans étiquette, je représente les femmes mahoraises et je défends les problématiques de Mayotte », prévient-elle.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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