28.9 C
Dzaoudzi
vendredi 26 avril 2024
AccueilEconomieRepenser la politique du tourisme à Mayotte

Repenser la politique du tourisme à Mayotte

La matière première est là
La matière première est là

« En 2007, on tablait sur 120.000 touristes pour 2020, or, 2020, nous y sommes, et nous en sommes toujours à 50.000 ! »… C’est un constat d’échec que fait Michel Ahamed, le directeur du Comité départemental de Tourisme de Mayotte (CDTM). Et qui dresse un nouveau paradoxe : « Il nous faut un tourisme de qualité, qui ait les moyens, qui apporte une plus-value, pas un tourisme sac-à-dos. » Et pourtant, on a ce que l’on mérite.

Le Schéma de développement touristique, validé par le conseil départemental, était resté dans des cartons. C’est la présidente du CDTM qui le dit, Fatimatie Razafinatoandro : « Depuis 2007, rien n’a été fait. Nous n’avons toujours pas la maîtrise foncière des sites élus au Plan d’Aménagement et de Développement Durable. » Presque 10 ans qu’on en entend parler.

Au début, les acteurs, de la préfecture au département, avaient des étoiles dans les yeux, mais les hôtels ont tous fait pschitt, et on a laissé repartir des investisseurs qui souhaitaient pérenniser des projets installés, plus modestes, qui avaient fait leurs preuves, et adaptés au territoire, comme Sail Explorer à Mtsangabeach. On nous dit que le Schéma de développement touristique est en cours de révision. Mais aucune flamme dans les yeux à l’idée de construire quelque chose.

Plus de 30.000 personnes prêtes à consommer

Michel Ahamed
Michel Ahamed réitère chaque année les mêmes demandes en offres hôtelières

On l’a vu avec la ligne directe, l’offre peut faire la demande. « Mais nous manquons toujours de lits et d’activité à proposer aux touristes. Ce n’est pas le rôle du CDTM, mais celui des pouvoirs publics et des opérateurs privés », tranche Michel Ahmed. Qui souligne que l’enveloppe octroyée au tourisme est insuffisante, et la conseillère Fatimatie n’a pu que redire, comme ses prédécesseurs l’ont fait avant elle, que « le département traverse des moments difficiles ». En France, il fut une période où, sans finances, on avait des idées.

Inscrite à la loi NOTRe, la compétence du tourisme revient désormais aux Intercommunalités. « C’est à elles de mettre en place des offres touristiques », explique Michel Ahamed, surtout qu’elle vont toucher un budget pour cela. L’Interco du Centre a déjà mis en place un document stratégique à ce sujet.

Faire payer l’accès aux évènements locaux

Difficile de glisser une enveloppe d'envergure, plaidait la présidente du CDTM
Difficile de proposer une enveloppe à la hauteur, plaidait l’élue du département

Le gros des touristes est constitué d’originaires de Mayotte, « c’est à dire que 30.000 personnes n’ont pas besoin d’être convaincues pour venir, trouvons des actions à mener à leur intention », soulignait Jamel Mekkaoui, directeur de l’INSEE. Même si leur dépense quotidienne tourne autour de 13 euros par personne, des tarifs promotionnels peuvent être envisagés, des packages qui n’inclurait pas la visite de mosquées, mais des découvertes de la faune et de la flore locale, des fabrications d’instruments de musique, etc.

Surtout que les portemonnaies sont prêts à s’ouvrir, selon le directeur du CDTM : « De juillet à septembre, il est impossible de trouver une voiture de location disponible. Mais en dehors des activités lagon, nous n’avons pas d’activités de loisir payantes comme le font les autres départements français, du type manzaraka, m’biwi ou festivals payants. Il faut pousser les gens à consommer. Alors que de plus en plus de jeunes se forment aux métiers de tourisme, quels débouchés leur propose-t-on ? »

Des évènements sociaux contre productifs pour le tourisme

Pourquoi ne pas proposer des sorties ou des cours sur des pirogues ?
Pourquoi ne pas proposer des sorties ou des cours sur des pirogues ?

Le 1er acte du Schéma touristique devait être la mise en place d’un guichet qui devait proposer une offre culturelle et patrimoniale. Cela fait 10 ans qu’on l’attend. « Dans ce Schéma, chaque acteur devait être identifié par rapport à sa participation technique. Où est le bilan ? », interroge Michel Ahamed.

Cela fait donc 10 ans qu’il essaie de booster l’énergie des 17 maires, trois ont répondu à l’appel : « Ils ont mis en place à Sada, Bandrélé et Tsingoni des référents en matière de tourisme. Par exemple, Tsingoni propose des visites de la mosquée classée. »

Son équipe a changé d’angle d’attaque, « on passe par les Interco maintenant, et en donnant aux chargés de mission une méthodologie de travail. »

Si les forces vives du territoire ne l’ont pas vraiment été, Jamel Mekkaoui rappelle aussi l’impact négatif des images de coupeurs de route et des décasages en métropole. Relayé par Michel Ahamed, « tant qu’il y aura des évènements sociaux, l’image ne Mayotte sera ternie. »

Un serpent qui se mord la queue, puisque toute activité qui génèrera richesse et petits boulots, un peu comme le font les japonais, évitera à cette jeunesse le désœuvrement.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

1 COMMENTAIRE

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139511
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139511
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139511
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139511
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139511
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139511
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...