Dzaoudzi-Labattoir était en déficit chronique depuis 2013. Comme toujours face à une telle situation, la Chambre régionale des comptes avait fixé un objectif à la commune: un retour à l’équilibre en 2019. Le budget 2017 tel qu’il vient d’être validé est déjà équilibré, ce qui permet à la commune de retrouver son autonomie budgétaire, avec deux ans d’avance sur le planning.
Pour parvenir à un tel résultat, tout a été revu, sans tabou. Tout d’abord, la nouvelle majorité municipale a décidé de geler pendant 4 mois les indemnités des nouveaux élus. La mesure pouvait paraître symbolique. Elle était en réalité bien plus que cela. «La question était de pouvoir financer la mise en place de l’indexation des agents. Si on n’avait pas coupé nos indemnités, ce n’était pas possible. Ensuite, la 2e année, on a réalisé des économies avec les services qui ont joué le jeu et on a réussi à payer la montée en charge de l’indexation. Aujourd’hui, les agents sont à 40%», se félicite Mikidache Houmadi, l’adjoint au Maire Saïd Omar Oili, en charge de l’administration générale.
Mais la municipalité a actionné bien d’autres leviers qui étaient à sa disposition. Du côté du personnel, ce ne sont que quelques embauches qui ont été réalisées, pour pouvoir des postes parfois coûteux mais qui se sont avérés pertinents. «On a recruté une personne aux ressources humaines pour s’occuper de la formation des agents et on est en quête de quelqu’un pour l’hygiène et la sécurité. Ce ne sont que des postes nécessaires pour le bon fonctionnement de la commune. On a aussi pourvu un poste de directeur administratif et financier (DAF)qui a vraiment piloté nos finances», explique Mikidache Houmadi.
Définir les priorités pour mieux couper
Aidé par la DAF, tous les services ont défini leurs priorités et leur mode de fonctionnement pour ensuite réaliser des coupes budgétaires efficaces. Ensuite, la commune s’est lancée dans la recherche des recettes qui lui échappaient jusqu’alors. «Par exemple, une grande partie du coût des emplois aidés devait nous être remboursée. Mais l’équipe précédente ne cherchait pas ces remboursements. En bouclant ces dossiers, ça nous a beaucoup aidé. De la même façon, nous avons fait passer l’idée auprès de la population qu’elle devait payer pour avoir accès à du matériel de la commune. Ca nous permet ensuite de financer l’achat d’autres équipements qui peuvent leur être utiles».
L’autre exploit de la commune est de ne pas avoir renoncé à ses investissements. La municipalité assure avoir investi plus de 11 millions entre 2014 et 2016, pour construire une école, rénover des bâtiments communaux, la voirie, les réseaux d’eau pluviale, des équipements sportifs mais aussi pour moderniser l’équipement informatique de ses services ou équiper la police municipale d’un véhicule et en matériel.
La commune est également fière de son centre d’action sociale, doté de moyens humains et financiers dédié à l’accompagnement des familles. «Tout ce que l’on pouvait en régie, avec les services techniques de la commune, nous l’avons fait en régie, sans faire appel à des entreprises extérieures. Résultat, nous avons un taux de réalisation des opérations supérieur de 1,8 fois sur les 3 dernières années comparé à la période 2011-2013», souligne Mikidache Houmadi.
Un cercle vertueux
Avec des finances redressées, c’est maintenant un soutien aux associations qui peut se remettre en place pour mener des actions utiles et même souvent nécessaires auprès de la population. Toutes les subventions avaient été arrêtées depuis 2012. Cette année pour la première fois, certaines sont à nouveau budgétées, même si elles restent encore symboliques. Elles devraient monter en puissance dans les années à venir.
«Avec un maire qui est aussi président de l’Association des maires de Mayotte, c’était bien sûr important de montrer l’exemple. On ne peut pas inciter les autres à faire ce que l’on ne fait pas soi-même. Mais on sait aussi que chaque commune a une situation et des contraintes particulières», relève Mikidache Houmadi. Dzaoudzi-Labattoir a ainsi bénéficié de la mise en œuvre de la communauté de communes de Petite Terre vers laquelle des services et des compétences ont été transférées. «Ce qu’on peut faire à deux, c’est bien, c’est moins de dépenses».
La commune va maintenant s’employer à faire valoir cette situation et cette confiance retrouvée auprès de ses partenaires financiers potentiels pour pouvoir accéder à des aides et des financements dont elle était privée. Un cercle vertueux qu’elle veut pousser au maximum à son avantage.
RR
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