« Nous voulons montrer que nous tenons nos engagements. Les travaux avaient été interrompus par l’entreprise à la suite d’un vandalisme sur sa machine. Tout sera terminé pour la rentrée », indique Nathalie Costantini aux journalistes, tout en les amenant sur les points sensibles. Un des portails sera condamné pour faciliter la surveillance de l’enceinte, et les hauteurs seront protégées par un double grillage.
Revenant sur les évènements du 1er juillet dernier, au lendemain du brevet, le principal, Jean-Loup Munier précise que les violences ont impliqué 6 élèves, « dont l’un d’entre eux a pénétré par intrusion ». Il s’agit d’un élève de 3ème qui avait fait une demande d’inscription en seconde au lycée de Dembéni. Il fait l’objet d’une plainte. Les violences ont eu lieu lors de cette journée du 1er juillet réservée aux actes administratifs, « remise des bulletins, notifications de bourses, que nous avons concentrés en une journée en raison du retard pris lors du droit de retrait », précise le principal.
En contournant l’établissement, nous tombons sur une barrière arrachée par un glissement de terrain provoqué par une extension des cultures sauvages au-dessus, « alors que le grillage avait couté 100.000 euros il y a 2 ans. Il est en cours de réfection, avec le dépôt provisoire de barbelé concertina, mais heureusement, c’est une zone qui n’accueille pas les élèves, uniquement les logements de fonction », souligne la vice-recteur.
Ne pas isoler sans soigner
Au niveau des effectifs, il n’y en aura pas plus qu’annoncé, « nous avions 8 agents d’Equipe Mobile de Sécurité, chiffre passé à 32 cette année pour l’ensemble des établissements de l’île ».
Des établissements qui étaient jusqu’à il y a 6 ans, ouverts à tous, se transforment peu à peu en bunker… jusqu’où ? « Il n’y aura pas de mirador ! », ironise la vice-recteur, qui y voit un événement « extra-ordinaire », « alors que des centaines d’élèves sont habituellement scolarisés sans problème ». Malgré tout, la vidéo-surveillance a été mise en place dans 10 établissements, pour un coût de 250.000 euros, « et elle se poursuit, nous avons un budget de 1,5 million d’euros », explique Blaise Tricon, Responsable de la Cellule Construction scolaire. Mais impossible de continuer à isoler sans soigner… et punir.
Le principal de l’établissement, qui a déjà beaucoup fait en cohésion sociale, ne veut pas stigmatiser les deux villages de Passamainty et Vahibé, « ce sont deux bandes rivales de ces villages qui s’affrontent. Il faut identifier ces jeunes, et la présence ou non de leur famille, pour que les services sociaux de la mairie ou du Département les prennent en charge. » Il serait temps en effet. Certains jeunes ayant des comportements « inadaptés », « et qui nécessitent une approche éducative sur laquelle des professionnels ont été formés. »
Un mémoire transmis au ministère
Des travaux qui ont été boostés par le mouvement du personnel, ce que reconnaît la vice-recteur, « je ne remets pas en question leur action, nécessaire à la relance des travaux », qui demande une meilleure compréhension, « et surtout, de ne pas remettre en cause des travaux quand ils sont réalisés. »
Une synthèse des problèmes impactant la scolarisation à Mayotte sera envoyée au ministère de l’Education Nationale sous forme de mémoire, « pour permettre de posséder les leviers susceptibles de garantir la sécurisation des établissements, mais aussi de l’ensemble du territoire, car ces problèmes se répercutent partout. »
En dehors de la problématique sur Passamainty, la vice-recteur s’est exprimée sur d’autres sujets. En matière d’investissements d’abord, « la construction du lycée de Mamoudzou Nord est actuellement bloquée par le conflit Colas. Or, si nous voulons assurer la rentrée, il y a une impérieuse nécessité que les travaux reprennent », et en ce qui concerne l’entretien, « nous avons débloqué 6 millions d’euros pour restaurer les infirmerie des établissements scolaires, et 6,5 millions d’euros pour les sanitaires. »
Le vice-rectorat en « sous-effectif de 40% »
Un tract de la CGT Educ’action a été envoyé aux médias jeudi, intitulé « Quand le vice-rectorat boit la tasse, les agents trinquent ! ». Revenant sur les billets d’avion qu’attendent les enseignants, le syndicat pointe une « externalisation des services pas efficiente ». Denis Lacouture, Secrétaire général sur le départ, avait reconnu un problème d’émission tardive de billets par leur agence de voyage, « c’est en cours, les avions de ces 8, 9 et 10 juillet ont été remplis ».
Au sujet des 2 mois de congés administratifs, Denis Lacouture indique qu’il est possible de les prendre « à partir de la fin des cours, c’est à dire le 8 juillet, et donc jusqu’au 8 septembre, mais avec des billets retour qui peuvent être délivrés avant ». Il s’étonne avant tout de ne pas avoir été consulté sur le sujet avant que le communiqué ne soit envoyé à la presse.
Et enfin, en matière d’indemnités d’éloignement, le syndicat accuse les retards de traitement des dossiers, à mettre en lien selon lui avec le sous-effectif du vice-rectorat « de 40% en personnel administratifs par rapport aux autres académies », avance-t-il. La vice-recteur ne nous a pas confirmé ce chiffre, mais n’a pas démenti non plus…
Nathalie Costantini est ensuite partie au collège de Mtsangamouji où un sas de filtre des élèves vient d’être installé.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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