La découverte d’espèces animales et végétales n’est pas exceptionnelle à Mayotte. Depuis toujours, notre département a bénéficié d’une attention des scientifiques bien moins importante que celle portée à nos voisins de Madagascar ou même de La Réunion. Résultat, depuis quelques années, de nouvelles espèces sont régulièrement décrites. En 2013 déjà, les botanistes du Conservatoire de Mascarin (CBNM) nous expliquaient que sur les crêtes de nos montagnes, «des arbres d’une quinzaine de mètres de haut avec des troncs mesurant plus d’un mètre de diamètre» étaient encore inconnus de la science.
C’est également vrai dans le lagon. Ainsi, en août 2015, l’association Shark Citizen observait une nouvelle espèce de requin, le «squale chagrin» que personne auparavant n’avait encore croisé dans nos eaux.
La même année, deux nouveaux habitants du lagon étaient également ajoutés à la liste. Le premier était un poisson dénommé «gobie nain du Mozambique» (Pleurosicya mossambica), jusqu’alors connu dans le Pacifique et en Afrique-du-Sud. Long d’à peine 3 centimètres, son corps est rouge comme ses yeux avec parfois de petites bandes blanches et de grandes nageoires ventrales.
L’autre espèce décrite alors était le «Paracorynactis hoplite». En forme de corail, il se fixe généralement dans les crevasses et les rebords des récifs coraliens jusqu’à 28 mètres de la surface.
En 2015, l’annonce avait été précédée d’une identification attestée par des spécialistes mondiaux, dont ceux de l’université américaine du Caire.
Une vraie fausse découverte ?
Personne n’a donc été surpris lorsque les Naturalistes de Mayotte ont annoncé la semaine dernière la découverte sur le site de la Réserve Naturelle Nationale de l’îlot Mbouzi de trois espèces de poissons, nouvelles pour Mayotte.
Il s’agissait du «Gobiidae Eviota sebreei», des «Labridae Pseudocheilinus hexataenia» et du «Pteragogus cryptus». Les Naturalistes indiquait logiquement que «le recensement récurrent de nouvelles espèces pour Mayotte depuis 2009 démontre la particularité de l’îlot Mbouzi, ainsi que son potentiel de biodiversité atypique.»
Pourtant, cette fois-ci, la découverte pourrait ne pas en être une. Comme le relève le photographe Marc Allaria, ces trois espèces ont déjà été observées dans nos eaux et même joliment photographiées: «Elles sont déjà en page 210-247 et 248 de mon dernier livre paru il y a un quasiment un an avec des photos datant de 1 à 2 ans», indique-t-il !
Un besoin de sciences
Une erreur d’identification est toujours possible mais il semble bien que ces 3 petits poissons aient bel et bien déjà été décrits chez nous. Mais cette erreur potentielle est bien la preuve d’un besoin de travaux scientifiques dans notre département.
Comme le relèvent les Naturalistes, en plus des poissons et des gorgones, «il est possible d’imaginer un plus grand nombre d’observations» nouvelles avec par exemple des explorations aléatoires «dédiées aux organismes benthiques (coraux durs), sessiles et vagiles (coraux mous)».
Actuellement, environ 154 espèces de poissons appartenant à 31 familles ont été comptabilisées autour de l’îlot Mbouzi. Et nul doute qu’il reste encore beaucoup à découvrir.
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