«On est assis sur un chaudron». Comme il avait déjà eu l’occasion de le faire, le député Mansour Kamardine (LR) continue d’utiliser les médias pour que les autorités parisiennes prennent conscience des enjeux mahorais. Dans une interview accordée au Figaro en janvier 2016, il appelait l’Etat à un sursaut. Le titre choisi par le quotidien à l’époque évoquant une île «au bord de la guerre civile» avait fait très largement réagir.
Cette fois-ci, c’est via un entretien à l’AFP que le député élu avec plus de 64% des suffrages le 18 juin dernier prévient le gouvernement: «Nous allons vers de graves troubles, il ne faut pas sous-estimer la colère des Mahorais». Il demande au gouvernement «un signal fort: empêcher les kwassas de venir» et faire ainsi baisser la pression migratoire alors que selon lui, «52% de la population mahoraise est clandestine, et 8 naissances sur 10 sont des naissances de clandestins».
«Peut-on m’expliquer comment une puissance maritime comme la France n’a pas les moyens de contrôler un bras de mer de 70 km?», insiste-t-il, reprenant une interrogation ancienne à laquelle l’Etat n’a jamais su répondre.
La nécessaire coopération avec les Comores
Pour le député, «personne ne supporterait dans l’Hexagone ce qu’on vit là-bas», expliquant ainsi l’épisode des «décasages» de 2016: «Dans l’esprit des Mahorais, ou l’Etat fait le job, ou ils le font à sa place.»
Alors que les propositions du candidat Emmanuel Macron avaient fait bondir une partie de la population, Mansour Kamardine évoque à son tour une nécessaire «coopération bilatérale» avec les Comores, pour améliorer les conditions de la population comorienne et ainsi tenter de limiter les flux migratoires illégaux. «On dépense 60 millions par an pour lutter contre l’immigration clandestine, on pourrait mobiliser une partie de cette somme au service du développement des Comores. Je sais que la France a les moyens d’imposer cette coopération», assure-t-il.
A nos confrères de l’AFP, il explique donc qu’il est à Paris «pour alerter sur la situation à Mayotte» et pas seulement dans les médias. Il indique avoir commencé à faire le tour des ministères et cabinets pour plaider la cause mahoraise. Et pour y parvenir, il sait se démarquer. Ainsi, il fut le seul député du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale à voter la confiance au gouvernement d’Edouard Philippe.
Un député entendu
Il sait aussi manier les outils parlementaires pour intégrer Mayotte dans les grandes discussions entamées au parlement.
Ainsi, alors que le 2ème projet de loi de la législature visait à permettre au gouvernement de prendre des ordonnances pour le renforcement du dialogue social, le texte ne prévoyait pas une application de ces dispositions à Mayotte.
Ce projet de loi est important car il s’agit de modifier en profondeur de nombreuses dispositions du droit du travail. «Or, d’une part, les Mahorais veulent être traités comme l’ensemble de leurs compatriotes, et d’autre part, ils veulent inscrire Mayotte dans le chemin du développement économique et de l’emploi», explique le député qui a donc proposé au gouvernement d’étendre le périmètre de cette texte à notre département. Après avoir défendu sa position en séance publique, le député s’est réjoui de voir le gouvernement déposer un amendement en ce sens.
«L’Assemblée Nationale a adopté cet amendement avec une large majorité. Je me félicite donc d’avoir été entendu par le gouvernement et par mes collègues. Il demeurait 3 domaines où le droit commun ne s’appliquait pas à Mayotte. Avec l’adoption de l’amendement de ce jour, au 1erjanvier 2018, il n’en restera que 2 sur lesquels porteront mes efforts prochainement : la protection et l’action sociale, les finances locales.»
Le gouvernement est donc prévenu. Il aura face à lui un interlocuteur déterminé à poursuivre la marche de Mayotte «vers le droit commun plein et entier».
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