Un diplomate qui passe 3 ans aux Comores, cela vaut bien une décoration… peut-être pas totalement dénuée d’arrière-pensées. L’ambassadeur Xiao Ming a été élevé au grade de «Commandeur du croissant vert des Comores», l’une des plus hautes distinctions honorifiques du pays. La cérémonie organisée ce lundi avait une solennité particulière: c’est le Chef de l’Etat en personne qui a remis la décoration, en présence des trois vice-présidents de la République, du nouveau chef de la diplomatie comorienne et de plusieurs membres du gouvernement.
Si le président a souligné «l’excellent travail accompli par l’ambassadeur Xiao Ming durant sa mission, en faveur de la consolidation des liens d’amitié et de solidarité entre nos deux pays frères», c’est surtout du côté de la coopération et des échanges qui «ont beaucoup progressé», qu’il faut trouver les raisons d’un tel cérémonial. «Depuis un an, vous êtes devenu un grand supporteur de l’émergence des Comores», a souligné le président Azali Assoumani.
Partout, le poids économique de la Chine devient un enjeu majeur pour des pays qui ne veulent pas louper le coche d’un partenariat avec le nouveau géant mondial. Ainsi, La Réunion se lance à son tour à la conquête de la Route de la Soie. La Région Réunion veut placer l’île sur la carte pour profiter des échanges croissants entre la Chine et l’Afrique.
1.400 milliards de dollars d’investissement
La Route de la Soie, c’est une nouvelle coopération internationale imaginée par la Chine, sur un double axe, terrestre et maritime, dans lequel le pays veut investir quelque 1.400 milliards de dollars portés par la Banque asiatique d’investissement. Depuis 2013, tout le long de ces axes, des équipements massifs voient le jour, pour lier l’Asie, l’Afrique et l’Europe à la Chine… Et La Réunion voudrait capter une petite part de ce gigantesque gâteau.
Ce mardi, La région Réunion organisait un Forum économique pour agir rapidement alors que Maurice a déjà pris une longueur d’avance, avec un bon positionnement dans l’aérien, le juridique et le tourisme. «Notre atout principal est d’être un département français et européen dans l’océan Indien. Nous avons aussi de l’or bleu, vert et gris à valoriser auprès des touristes chinois. L’idée n’est pas de vendre à la Chine, mais de l’accompagner dans ses investissements en Afrique et faire en sorte qu’elle choisisse de passer par la Réunion», insiste Alex How-Choong, président de l’ACCR, l’Association des commerçants, chefs d’entreprise et cadres chinois de la Réunion, une structure qui fête ses 100 ans cette année.
Les yeux doux à la Chine
Depuis plusieurs années, la Région Réunion lorgne du côté de l’Empire du milieu. Tout est fait pour faciliter l’arrivée de touristes et d’investisseurs chinois. En juin 2014, les formalités de visa ont été assouplies pour les séjours de moins de 15 jours. Depuis février dernier, Air Austral se pose à Guangzhou (Canton), via un partage de codes avec Air Madagascar. En juin, l’agence régionale d’investissement Nexa a emmené une délégation d’entreprises réunionnaises à la 17e édition du salon International Food exhibition de Guangzhou. Début juillet, Didier Robert s’est rendu à Tianjin pour renforcer le jumelage entre La Réunion et la ville-province de 15 millions d’habitants.
Et ce n’est pas fini. La collectivité réunionnaise entend ouvrir une seconde ligne aérienne directe vers Tianjin et créer une antenne économique sur place. La 4e ville la plus peuplée de Chine est en effet le port d’où part la compagnie maritime CMA-CGM qui a fait de la Réunion son hub régional depuis 2016. Il y a également la volonté d’aller plus loin sur les visas.
Les réels effets de la route de la soie
Il faut dire que La Réunion a encore une vraie marge de manœuvre. Selon les derniers chiffres du consulat général de Chine, l’île n’a accueilli l’an dernier que 1.600 touristes chinois quand Maurice en a comptabilisé plus de 21.000 rien que sur le premier trimestre de l’année.
Et déjà, les effets de la Route de la Soie sont perceptibles dans notre région. Ainsi par exemple en Afrique du Sud, où la Chine investit pour faire de Johannesburg le futur New-York africain. Le projet porte sur une «Super Smart City» sur 1.600 hectares, avec 300 résidences collectives, 35.000 résidences privées, un centre éducatif, un hôpital et un stade multi-sports… Le tout pour la bagatelle de 85 milliards de dollars.
PM
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