Un peu d’oxygène pour le Centre hospitalier universitaire de La Réunion. Les mauvais résultats financiers présentés mi-juillet avaient alerté sur le devenir du CHU. L’Etat a finalement décidé ce mercredi de voler au secours de l’établissement en injectant 56,5 millions d’euros jusqu’en 2021… La direction a dû pousser un ouf de soulagement.
L’Etat, par la voix de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, a annoncé qu’il intervenait financièrement dès cette année pour équilibrer les comptes. Cette aide financière se décompose en deux parties: une aide exceptionnelle destinée à favoriser le retour à l’équilibre de l’hôpital et une aide pérenne pour compenser les surcoûts supportés par le CHU, notamment vis-à-vis de ses missions d’appui à Mayotte, d’un montant de 6,5 millions d’euros annuels jusqu’en 2020.
Au total, le CHU bénéficie donc d’un coup de pouce de 14 millions d’euros dès cette année, dont 7,5 millions d’euros d’aide exceptionnelle.
L’an prochain, l’aide de l’Etat montera à 13 millions d’euros, puis à 12 millions d’euros en 2019 et à 11 millions d’euros en 2020. A partir de 2021, seule l’aide pérenne de 6,5 millions d’euros sera versée. L’Etat reconnaît donc ainsi que les sous-investissements dans le secteur de la santé à Mayotte doivent être compensés pour que La Réunion puisse prendre le relai… et faire contre mauvaise fortune bon cœur.
Une nécessaire gestion rigoureuse
Grâce au versement de ces aides, les suppressions de postes, un temps envisagées et provisoirement gelées, pourront être «purement et simplement abandonnées», indique la députée Huguette Bello, qui avait pris la tête du Collectif des députés de La Réunion relatif aux arbitrages ministériels en faveur du CHU… Une prise de position peut-être un peu rapide tant la politique d’embauches massives de la précédente direction a abouti à un suremploi qui plombe l’établissement.
De son côté, la direction du CHU a qualifié cette aide de «très bonne nouvelle». Un plan de retour à l’équilibre sera présenté au Comité interministériel de performance et de modernisation (COPERMO) le 26 septembre.
Si la perfusion de l’Etat était nécessaire, elle ne sera pas suffisante sans une gestion rigoureuse des dépenses les prochaines années.
Développer les recettes
La direction annonce déjà que cette première enveloppe pourrait être abondée par une aide à l’investissement pour financer l’opération du bâtiment central de Saint-Pierre. «Cette reconnaissance par le niveau national de ses missions et surcoûts spécifiques devra être prolongée par l’effort de la communauté hospitalière: le CHU devra maîtriser ses charges d’exploitation et développer ses recettes», préviennent Jean-Paul Virapoullé, président du conseil de surveillance du CHU et Lionel Calenge, directeur général, dans un communiqué commun.
«La réussite du plan de retour à l’efficience sera exigeante, et nécessitera une solidarité interne entre les professionnels du CHU, l’évaluation de la performance de chaque secteur et l’équité de l’effort qui devra être porté par tous les membres de la communauté hospitalière».
Mi-juillet, le CHU de La Réunion avait rendu publics ses comptes 2016. Malgré leur certification par les commissaires aux comptes, les chiffres étaient sans appel : la situation financière s’était encore dégradée faisant apparaître un déficit de 35 millions d’euros, confirmant un rapport de l’IGAS (inspection générale des affaires sociales) qui avait mis en avant quelques mois plus tôt la mauvaise gestion de l’établissement.
PM, le JDM
Avec le JIR.
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