Foundi Distribution est fermée temporairement à cause du conflit chez Total. Il en est de même pour le Sidevam qui avait très tôt annoncé ne plus être en mesure d’assurer pleinement ses activités de ramassage en cette période de pénurie d’essence. Au fil des jours, le conflit s’est durci et les entreprises en pâtissent de manière croissante.
Ce mardi, le préfet a donné suite à un appel du président du Medef. Thierry Galarme, qui a fermement tiré la sonnette d’alarme, retrouvait ainsi dans une démarche commune le secrétaire général de l’Union Départementale FO. Une commission de conciliation des conflits a donc été convoquée par le préfet et devrait rassembler à 9 heures les parties prenantes du conflit. Si pour les grandes entreprises de Mayotte, l’appel est lancé, les petits entrepreneurs veulent également exprimer leur colère.
La solution du blocage adoptée
L’air était pesant au M’biwi pour cette réunion de crise ce mardi. Entrepreneurs, employeurs et investisseurs en tous genres en avaient gros sur le cœur. Chacun y allait de son témoignage affolant. La situation a assez durée et le tissu entrepreneurial de l’île ne suit plus. Alors les entrepreneurs ont décidé de passer à l’action.
Blocage des grévistes pour les empêcher de bloquer les stations, blocage de la préfecture, appel à une marche de contestataire incluant la population… de nombreuses possibilités ont été évoquées.
Finalement, c’est bien la voie du blocage, mais du rond-point El-Farouk (SFR), axe de circulation clé, qui a été adoptée. «On va rester simple, on bloque le rond-point et on explique que nous sommes là pour pousser les grévistes et la direction à négocier et stopper les blocages. En 2012, on avait procédé de la même manière. Le soir même, ils étaient sur les tables de négociations et le lendemain tout était débloqué», expliquait un transitaire.
Ne pas faire cavalier seul
Dans cette démarche de contestation, les entrepreneurs ont tenu à faire valoir leurs intérêts en lien avec ceux de leurs employés. Ils sont certes handicapés par la situation, mais ce qui les déstabilisent le plus, c’est de voir que leurs employés se retrouvent autant en difficulté qu’eux.
«Demain pour notre blocage, j’ai dit à mes salariés de venir. Parce qu’eux, ils souffrent encore plus que moi. Ils ont besoin de leur emploi et ils ont besoin de nourrir leurs familles comme tout le monde. Mais vous savez quoi ? Ils ne pourront même pas venir parce qu’ils n’habitent pas à Mamoudzou et n’ont plus d’essence. Dans cette histoire, employés et employeurs sont dans la même mouise», constatait un employeur du BTP.
Des petites entreprises en déroute
Certaines petites entreprises sont gravement impactées par le conflit social du groupe pétrolier et sont au bord de la rupture. Financièrement, les entreprises du BTP et les transitaires souffrent grandement de la situation.
Fidali Adil, gérant de l’entreprise TD Transport dénonce cette crise sans précédent. «Notre cœur de métier c’est le transport par poids-lourd. Mais avec ce qu’il se passe, on fait 0€ de chiffre d’affaires depuis 11 jours. Nous avons 4 employés, on ne peut pas les mettre au chômage technique. Eux non plus ne peuvent plus se déplacer. Aujourd’hui, nos poids-lourds sont stationnés à la station de Kawéni depuis 3 jours. On ne peut pas tenir dans cette situation plus d’un mois, ce n’est pas possible ».
Les membres de TD Transport ont pourtant tenté de s’approvisionner durant les horaires d’ouverture des stations, mais là encore, l’initiative est vouée à l’échec. «Pour nos véhicules de plus de 3,5 tonnes, on ne peut remplir que 60 litres. Ce n’est rien ! C’est ce qu’on met pour dépanner un poids-lourd en panne. Un poids-lourd consomme son plein en 2 jours, alors il faut que ça cesse si on ne veut pas claquer la porte», surenchérissait Fidali Adil.
Avec cette action coup de poing, les entrepreneurs comptent bien faire entendre leur mécontentement. Ils ont d’ores et déjà annoncé que si les négociations ne reprenaient pas, leurs actions seraient reconductibles.
Ludivine ALI
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