L’accompagnement des personnes âgées est une problématique de plus en plus prégnante à Mayotte. Traditionnellement soutenues par leurs proches, de nombreuses personnes âgées sombrent maintenant dans la spirale infernale de l’isolement social, pour cause de changements de mentalités et de normes.
En Petite Terre, l’association du Cocos Club Senior s’efforce depuis plusieurs mois d’impulser une dynamique intergénérationnelle créatrice de lien social afin de faciliter la vie des personnes âgées de Mayotte. Elle était d’ailleurs à l’initiative du projet phare du premier Salon des Cocos et Bacocos de notre département.
Mais après de nombreux désagréments, une absence de moyens et surtout ce qu’elle estime être une absence de soutien de la part d’institutions s’étant pourtant engagées à supporter le projet, une annulation a dû être actée à la mi-août pour un report estimé à octobre 2017.
Une organisation sabordée
Pour le Coco Club Senior, tout était cadré. Le programme de la journée était acté, les engagements étaient pris auprès des prestataires, les activités avaient été définies et «tout était prêt». Seule ombre au tableau : aucun partenaire n’avait apporté sa contribution financière préalablement définis. C’est donc le 15 août dernier, lors d’un conseil d’administration de crise, que l’association avait pris la décision d’abandonner temporairement le projet, non sans lassitude.
Ce jeudi 24 août, le président du Cocos Club Senior Soyfoudine Abdou Razak a exprimé au JDM son désarroi face au comportement de certaines institutions ayant fait la sourde oreille malgré plusieurs avertissements. «Sincèrement, nous avons alerté les institutions plusieurs fois sur le problème. Mais les agents étaient tous en vacances. Pendant ce temps-là, notre projet mourrait à petit feu et voici le résultat. Conseil départemental, Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte, Agence Régionale de Santé, personne n’a répondu pendant un mois. Comment pouvions-nous avancer alors que nous avions expliqué que tout devait être bouclé avant les vacances?» s’interrogea le vice-président de la FMAPAR.
Repousser pour mieux préparer
Interrogé sur la question, le 4e vice-président du Conseil Départemental Issa Issa-Abdou tient à rectifier la position des partenaires institutionnels de l’événement qui s’étaient communément accorder sur un report avantageux. «Il faut garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’une annulation mais d’un report afin de mieux préparer l’action. D’abord, sur la question des financements, la dernière séance plénière a été l’occasion de voter une subvention à hauteur de 15.000€ pour ce salon. Le calendrier des délibérations ne permettait pas de le faire avant. Ensuite, à l’unanimité, les partenaires ont jugé qu’il était plus cohérent d’organiser ce Salon en même temps que la semaine bleue, semaine nationale consacrée aux personnes âgées, qui se tiendra aux alentours du 20 octobre».
La question est donc purement organisationnelle pour le Conseil Départemental qui ne semble pas comprendre la polémique.
Un sentiment de déconsidération
Malgré les justifications basées sur une meilleure concordance des plannings, Soyfoudine Abdou Razak ne décolère pas et s’est fendu d’une lettre expliquant la situation à Sylvaine Paulinet, la chargée de mission Santé Action Sociale Protection Sociale du ministère. Il y évoque les «manquements» des institutions et fait état des effets néfastes du «manque de considération de notre travail associatif» qui «impacte directement l’avenir de l’île et le bien-être des personnes âgées». Dans cette lettre à charge évoquant une «maltraitance institutionnelle», il n’hésite pas à remettre en cause l’implication des partenaires «qui sont prêt à s’engager par les paroles mais pas par les actes», confie-t-il au JDM.
Dans ce tumulte fait d’incompréhensions, Issa Issa-Abdou a tout de même tenu a faire part de sa déception de voir les choses «tourner ainsi car il s’agit d’un événement auquel le département tient et qui mérite d’être préparé avec soin». En attendant, l’association continue ses activités et avait reçu ce jeudi Miss Mayotte pour une matinée «maquillage traditionnel entre les générations».
Ludivine Ali
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