Ils viennent du Mozambique, de Tanzanie, du Kenya, des Comores ou de Madagascar. Ils sont écrivains et sont, dans leurs pays respectifs, des sommités. Réunis à Mayotte pour la Salon du livre, organisé par le Conseil départemental dès demain et jusqu’à dimanche, tous voient en l’île hippocampe un carrefour culturel.
La volonté première de ce salon est “d’améliorer le goût de la lecture et l’éducation à la lecture” Pour ces quatre jours de salon, qui se déroulera place de la République, mais aussi à la bibliothèque de Cavani, plusieurs auteurs de l’Océan Indien sont conviés, et se réjouissent de se retrouver ici. Parlant anglais, swahili, portugais ou français, un lien les unit : l’amour du livre.
Adam Shafi Adam est au célèbre romancier de Tanzanie. Connu pour avoir écrit “Les girofliers de Zanzibar, journaliste, auteur de deux dictionnaires de Swahili, il voit dans le Shimaore “une langue soeur”. “Je suis heureux d’être ici à Mayotte, car je suis originaire des Comores où mes parents sont nés avant de partir à Zanzibar. Je suis venu à ce salon comme auteur écrivant en swahili. C’est le Swahili que j’apporte avec moi. Cette langue est parlée en Zambie, au Kénya, en Tanzanie, au Burundi, Somalie et même dans la péninsule arabique. C’est devenu une langue internationale très importante pour communiquer. Or, Mayotte où le Shimaore est une langue soeur du swahili, est peu connue à Zanzibar. Je veux utiliser le swahili pour faire connaître Mayotte. Grace au swahili, certaines frontières physiques et mentales peuvent être dépassées.”
Faire interagir Mayotte et ses voisins grâce aux livres
La professeure Lily Nyiariki, auteure kényane, voit dans ce salon “une superbe chance d’échanges culturels. Je crois dans le pouvoir des livres et de l’information. Langue et culture sont indissociables. C’est une possibilité pour moi de faire connaître Mayotte au Kénya, et de faire interagir nos territoires, grâce aux livres.”
Egalement membre d’une association qui promeut le développement et l’éducation en Afrique, elle aimerait que Mayotte puisse y participer, intégrant ainsi un réseau panafricain.
Venant du Mozambique, Paulina Chiziane voit dans la circulation des livres “un défi dans notre région du monde. Je suis traduite en Chinois, mais je ne connais pas Mayotte. Il faut qu’on se rapproche, qu’on se rencontre, estime-t-elle. Il est important de revendiquer sa langue,
mais surtout de s’identifier comme membre de la race humaine. C’est le message que je voudrais partager dans ce salon”.
Cette notion de défi est partagée par Nassur Attoumani, auteur mahorais et professeur à Mayotte. “Nous construisons de plus en plus d’écoles, mais nos élèves ne lisent pas nos livres. Ce salon est pour moi l’occasion de rencontrer ces grands auteurs que je ne pensais jamais rencontrer. Nous avons le plus grand lagon du monde. Il faut qu’intellectuellement, nous soyons aussi grands que ce lagon. Cela passe par la lecture et l’écriture. Avec les livres, tout le monde entendra parler de Mayotte.”
Yohann DELEU
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