Ce ne sont plus seulement des petits derniers tout frais émoulus de l’Ecole Nationale de la Magistrature (ENM) qui faisaient leur entrée dans la salle d’audience, mais un melting pot d’expérience, de jeunesse et d’enthousiasme, « chacun pouvant se prévaloir de cumuler l’ensemble », plaisantera le procureur Camille Miansoni. Il les appellera à s’atteler en priorité aux primo-délinquants, “il faut qu’ils rencontrent leur juge”, qui doit “leur donner toutes les chances pour qu’ils ne reviennent jamais.”
S’il fallait saisir un message conjoint entre le parquet et le siège cet après-midi là, c’est celui de la « solidarité et de relations loyales entre collègues », « sans soupçon de connivence, parquet et siège concourent à la même mission de justice », assenait le proc. Qui poursuivait sur le même thème, « le parquet doit s’illustrer par son indivisibilité, son humilité et son efficacité ».
Plus tard, c’est toujours de valeurs dont parlait Laurent Sabatier le président du Tribunal de Grande Instance, aux nouveaux arrivants : « Vous ne vous draperez pas dans votre titre comme des dandys, mais vous porterez au delà de tout, la justice, seule valeur érigée en institution. »
Impartialité et vie sociale
S’il citait Simone de Rozès, première présidente de Cour de Cassation, c’est pour parler d’impartialité, « le cœur, l’âme et le courage du juge », « l’impartialité, c’est la probité de la justice ». A relier avec sa mise en garde un peu plus loin, sur la participation de ceux qui sont aussi des hommes et femmes, à la vie sociale du territoire, avec tous les risques d’implication que cela peut entrainer.
Il s’agissait d’accueillir le vice-président de la juridiction, en la personne de Daniel Rodriguez, même promotion « Falcone » que Laurent Sabatier qui a travaillé sur la justice coutumière en Nouvelle Calédonie, Paul Hiernard, Juge des Libertés et de la Détention, Sébastien Lombardi, Juge des Enfants, et au parquet, Tanguy Courroye, substitut du procureur, « vous veniez de naître à Lyon lorsque j’y arrivais comme étudiant », glissait Camille Miansoni, Pablo Rieu, également substitut, arrivé à Mayotte sur le conseil d’un ancien juge qui y a sévi, Emmanuel Planque, et Sophie Thuillier, Directrice de Greffe, qui devra entre autre, « rationaliser la chaîne pénale ».
Meilleure compréhension de la justice coutumière
Le vice-président Daniel Rodriguez, en charge du Tribunal d’Instance, est arrivé depuis une semaine, il nous a fait part de son expérience calédonienne. « La justice coutumière y a été organisée en 1982 par l’ancien président Tjibaou. Les affaires concernant les kanaks sont jugées par un magistrat professionnel entouré d’assesseurs kanaks, soumis à la coutume kanak. » Le magistrat n’y fait pas tapisserie, mais assure le respect des grands principes, « comme le jugement contradictoire ».
Une transition entre la justice coutumière cadiale et celle de droit commun qui aurait pu être intéressant d’appliquer à Mayotte, « mais ici, il n’y a pas de juridiction coutumière, c’est un magistrat de la République qui doit appliquer les règles cadiales ». Une compréhension qu’il compte mettre à profit à Mayotte.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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