C’est à une étude détaillée de l’impact des rythmes scolaires sur la santé et l’éducation de leurs enfants scolarisés à Pamandzi que se sont livrés les parents, réunis en collectif (Lire Communiqué_Parents_eleves_Pamandzi). Ils partent d’un constat : « L’application brutale de la réforme des rythmes scolaires de 2013 mise en place à la rentrée 2014 va à l’encontre de l’esprit de la loi, à savoir placer les enfants scolarisés dans l’école de la République dans les meilleures conditions d’apprentissage et d’épanouissement possibles. »
Un enfant scolarisé dans une école, sans rotation, commence sa journée à 7h « en raison de la chaleur et du démarrage à cette heure là de la vie économique et sociale à Mayotte », l’arrête à 10h30, la reprend à 13h30 jusqu’à 16h. Un intermède méridien plutôt long, justifié par le temps nécessaire pour les enfants de rentrer chez eux en l’absence de cantine scolaire, et de transport scolaire à cette heure, « la distance domicile-école pouvant aller jusqu’à 2km à Pamandzi, soit 8 km à parcourir dans la journée pour des enfant de 3 à 11 ans… »
Mais après trois ans de ce que la mairie leur aurait indiqué être un « test », les parents tirent le bilan : absentéisme, « les enfants fatigués passent les 2h30 de l’après-midi à dormir au sol », pour ceux qui ont bien voulu refaire le trajet vers l’école, baisse de niveau en élémentaire, et errance des enfants qui « trainent dans la rue aux abords des écoles, seuls et livrés à eux-mêmes de 10h30 à 13h30 ».
En effet, la plupart des parents travaillent sur Mamoudzou, et ne peuvent “barger” pour récupérer leur progéniture. « Au global, l’ensemble des parents de Pamandzi note, chez leurs enfants, accumulation de fatigue et difficulté d’apprentissage croissantes, années après années de rythmes scolaires inhumains. »
Ils évoquent un gros manque de sommeil, les 12 à 14h nécessaires à cet âge n’étant pas remplis, et demandent à revenir ou à adapter une loi « écrite et pensée dans des conditions métropolitaines que nous ne connaissons pas ici, ni en termes de climat, ni en termes d’équipement ».
Les parents se disent prêts en effet à accepter « une organisation en deux temps, avec une pause méridienne plus courte pour diminuer l’amplitude horaire, si et seulement si les infrastructures de restauration étaient en place, effective, et disponible pour tous conformément à la loi. » Ils demandent à faire jouer l’article 73 de la Constitution française sur les adaptations possibles en outre-mer.
11 millions d’euros versés aux communes
Rappelons qu’il n’est plus besoin de surfer sur cet article, puisque le ministre de l’Education nationale a indiqué que, conformément au programme d’Emmanuel Macron, les communes pourront décider de revenir ou non sur la réforme des rythmes scolaires. Ce qui équivaut à revenir sur une scolarité 7h-midi demandée par les parents.
Justement, les communes font ce que les parents appellent un chantage à la cantine, «si nous ne faisons pas les rythmes, nous n’aurons pas les subventions pour construire des cantines. » Ce qui nous a incité à nous pencher sur l’utilisation des fonds de soutien destinés aux rythmes scolaires.
Les fonds d’amorçage de 90 euros par enfant, transformés en fonds de soutien, sont versés aux communes pour recruter des animateurs assurant les activités périscolaires. « Depuis 2014, ce sont 11 millions d’euros qui ont été versé aux communes », nous livre le vice-rectorat.
A quoi ont servi les 50.000 euros de la Sécu ?
Nous n’avons pu joindre l’élue en charge du secteur scolaire vers laquelle le maire de Pamandzi nous a renvoyée, mais nous avons appris que des activités avaient bien été mises en place en 2015, de 10h30 à midi, et que 50.000 euros avaient été débloqués par la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) pour solliciter des professionnels de l’animation. Qui n’a pas été suivi des faits.
Les deux paramètres clé pour la réussite de ces rythmes, une cantine et un bon encadrement, font défaut à Pamandzi, justifiant la réaction actuelle des parents, « c’est une simple garderie, ce ne sont pas des animateurs, ils demandent juste aux enfants de rester calme », tenait à témoigner une maman.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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