Alors que ça tempête dans certaines communes contre les rythmes scolaires, à Mamoudzou, on tient bon. « En tout cas, dans les écoles où c’est possible », précise Danial Ben Souffou, Inspecteur de l’Education nationale de la circonscription Mamoudzou Centre. Dans une grande salle inutilisée du rez-de-chaussée de l’école Cavani 2, il vient de lancer en shimaoré le top départ d’une matinée de jeux de société. Face à lui, des parents, et onze contractuels du niveau CE1, atour desquels viennent se greffer des scolaires.
« L’objectif est de créer une cohérence entre l’apprentissage scolaire et le périscolaire mis en place avec les rythmes scolaires », détaille Corinne Delvallé, conseillère pédagogique de Mamoudzou Centre, et référente du Projet d’Education Territoriale du vice-rectorat. Si le périscolaire ne développe pas d’apprentissage scolaire, il peut créer un terrain favorable par le jeu. Et il n’y a qu’à voir la frénésie des mamans et papas, et des jeunes à trouver la bonne carte du jeu de Mémory, ou à enlever sans trembler la baguette du Mikado, pour voir que cela fonctionne.
Mais il ne s’agit pas de proposer une matinée récréative. Des enseignants contractuels en profitent pour se former au « jeu comme vecteur d’apprentissage » avec des volontaires des Céméa présents autour des tables et des animateurs périscolaires de la mairie.
Les parents à l’école du périscolaire
« Il s’agit aussi avec les parents présents, de leur donner envie de poursuivre les jeux avec leurs enfants à la maison, de retrouver cette convivialité, et d’insuffler une culture scolaire que tous ne possèdent pas. Ils doivent percevoir ce que l’école fait avec leurs enfants, et ce que nous attendons d’eux, et pas uniquement à venir chercher les bulletins scolaires », livre Corinne Delvallée.
Des parents qui sont là pour comprendre comment fonctionne ce temps périscolaire, comme l’explique Danial Ben Souffou : « Quand l’école n’est pas en rotation et que les rythmes scolaires sont appliqués, seuls les enfants dont les parents en font la demande sont accueillis en périscolaire, entre 11h30 et 13h, un peu comme la cantine en métropole. Mais ici, les parents doivent préparer les repas qui sont stockés dans un réfrigérateur. »
Place du jeu à la maison
Sa circonscription couvre aussi Petite Terre, avec deux communes qui n’en sont pas au même stade, comme nous l’explique Corinne Delvallée : « Pamandzi a fait la demande de classement en Accueil collectif des mineurs pour lequel 50% du personnel doit être qualifié, sous contrôle annuel de la Direction de la jeunesse et des Sports. Pas Dzaoudzi Labattoir dont 20% du personnel l’est. Mais nous progressons dans ces communes sur les activités périscolaires », assure la jeune femme.
Certains parents nous expliquent jouer un peu à la maison, « au m’ra dama », jeu avec de pions noirs et blancs proches du jeu de dame, d’autres avouent que non. Certains s’embrouillent, « moi, comme jeu, je regarde les dessins animés avec ma fille », mais en tout cas, difficile d’arracher un mot dès que le jeu est lancé !
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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