L’économie circulaire passe notamment par la valorisation des déchets. La loi de transition énergétique qui a couché sur le papier le principe du pollueur-payeur impose à tout producteur d’anticiper la fin de vie du produit qu’il fabrique, importe ou distribue. Cela passe par l’obligation de reprendre le micro-onde usagé, qui rejoint ensuite une filière de recyclage. Si en métropole le dispositif est bien intégré dans les mentalités, il n’est pas rare à Mayotte de voir l’électroménager sur le bord des routes, signe que du chemin reste à faire.
“On trie plus efficacement ses déchets si on sait ce qu’ils vont devenir sur le plan économique” estime Adrian Deboutière, chargé de mission sur l’économie circulaire.
Yourgo Mohamed Yassin travaille pour Citeo, organisme qui comprend le label Eco Emballage, chargé de récolter les déchets recyclables. Conscient que les points de collecte manquent à Mayotte, notamment dans les zones où les gros camions peinent à se rendre, il appelle à une prise de conscience. “Ce qui est mis à la benne par au recyclage. Tout ce que vous mettez à la poubelle sera enfoui” explique-t-il. “Jeter ses déchets c’est déjà un choix” poursuit le responsable. Il y a la prise de conscience des consommateurs donc, mais aussi celle des entreprises. “Citéo (organisme privé agréé par l’Etat NDLR) fonctionne sur les contributions des entreprises. A Mayotte, très peu contribuent à l’éco-organisme”. En effet, si en métropole, l’éco-participation de quelques centimes figure bien sur l’étiquette de tout produit, c’est moins souvent le cas ici.
Une évolution nécessaire pour préserver l’environnement mahorais, mais aussi son économie, puisque le traitement des déchets est une filière “qui crée de l’emploi” assure Yourgo Mohamed Yassin. Et plus on trie, plus la quantité de déchets exportés pour être recyclés est importante, et plus cette filière est rentable.
Des évolutions ont aussi eu lieu concernant les déchets polluants comme les piles, pour lesquelles il existe désormais des points de collecte dans toute l’île. Chaque mairie est équipée pour recevoir les piles.
Le BTP “en avance sur son temps”
Si Paris fait figure d’exemple en matière de déconstruction dans le BTP, Mayotte n’est pas en reste. Dans la capitale, les pavés issus des anciennes voies carrossables fournissent jusqu’à 50% des besoins en granit de la ville. Quand on voit que sur les 350 millions de tonnes de déchets produits chaque année au niveau national, 245 millions proviennent du BTP, on comprend l’enjeu.
A Mayotte, bien avant que l’on parle de transition énergétique, les constructions étaient déjà essentiellement faites en matériaux durables. Il en va de la brique de terre, peu à peu abandonnée au profit du parpaing, mais qui a l’avantage d’être entièrement recyclable. Ainsi, déconstruire une maison SIM ne produit quasiment que de la terre, du bois et de la tôle, “La Sim était en avance sur son temps” explique Philippe Perrault, directeur du patrimoine à la Société Immobilière de Mayotte. Mayotte a cette chance de n’avoir jamais importé d’amiante, ce qui, aujourd’hui, ôte une sacrée épine du pied des entreprises de BTP. Abandonnée pour des raisons administratives de normes et d’assurances, la brique de terre est en voie de réhabilitation. Sur une initiative de la SIM, ce matériau local et durable devrait être officiellement homologué en janvier.
Qu’il s’agisse de bâtiment, de routes, de piles ou de nourriture, “la façon dont on consomme va générer plus ou moins d’impact sur la quantité de déchets,conclut Jean-Marc Chastagnon, lui aussi de la SIM. C’est par des choix de production et de consommation qu’on va anticiper les problèmes qui nous attendent demain” .
Y.D.
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