Jeunes de 15 à 18 ans qui habitez Mayotte, à vos pinceaux, appareils, photos, terre cuite… « La création peut être de toute sorte, du moment qu’elle respecte le thème ‘En partage’, qui doit défini ce qu’on a en commun », lance Fatima Ousseni, coorganisatrice de l’événement avec son compagnon Denis Balthazar, de l’association Zangoma, en partenariat avec la mairie de Mamoudzou, le vice-rectorat et la préfecture. Les inscriptions seront prises dès ce mardi à la Maison du Projet à Kawéni (l’ancienne MJC), « et la dead line pour rendre les œuvres c’est la 23 mars ! »
Top départ du lancement du concours, l’inauguration de l’exposition « Arts contemporains Mayotte », qui quitte donc son annuel site de Dembéni, fut une première pour bon nombre de jeunes ce lundi après-midi : « Moi, je ne suis jamais allé dans une exposition de peinture », explique Nabil en posant copieusement son doigt sur la toile. Toucher, ils en ont tous envie, un geste naturel bien compliqué à contrer. « Celui-là, je l’aime parce qu’on arrive à voir ses yeux à travers ses mains », rajoute son copain à côté.
Pour les représentants de la mairie, c’est un challenge réussi pour l’instant, « l’art s’invite là où on ne l’attendait pas ! »
Refaire vivre les boutres
Le projet couplé d’une exposition et d’un concours artistique prend forme au sein de la rénovation du quartier NPRU, Nouvelle politique de Rénovation Urbaine : « Pour la première fois depuis sa création, l’opération investit un lieu appartenant au tissu urbain de Mamoudzou, qui promeut la réhabilitation d’un secteur essentiel de l’île, le poumon économique de Mayotte, Kaweni, aux côtés des 10.000 scolaires », justifiait Fatima Ousseni dans son discours d’ouverture, devant quelques chefs d’entreprise « partenaires historiques de nos expositions Zangoma », comme Somagaz ou Somaco.
Les exposants viennent de tous les horizons, de Belgique à l’Egypte en passant par la Normandie ou le Béarn. Si les filles sont gagas devant la sculpture géante qui trône au centre de la grande salle, « parce qu’elle allaite un bébé », le maire Majani Mohamed et son DGS Thoihir Mohamed Youssoufa sont absorbés par le tableau des boutres : « Il n’y a pas si longtemps, c’était le seul moyen pour décharger les navires qui venaient à Mayotte. D’ailleurs, quand nous loupions la barge pour aller à l’école, c’était la solution de rechange ! »
« On a marché sur les îles »
Deux tableaux ont un style bien différent des habituelles expo d’arts contemporains à Mayotte. Signés, non justement, pas signés par Aïda Sultan Chouzour, qui se qualifie d’« artiste insulaire », ils font partie de deux collections différentes, « On a marché sur les îles », clin d’œil au « On a marché sur la lune », d’Hergé, et « Femmes du lagon ». « Je puise dans l’insularité ce qu’il y a d’unique ». Des tableaux non signés donc, « je n’en ai pas besoin, tant qu’ils ne sont pas vendus, c’est mon expression. Mais si quelqu’un veut l’acheter, c’est qu’il a saisi ce que je veux faire passer, qu’il se l’approprie, donc là, je peux signer ». ET chacun s’approprie sa propre interprétation d’ailleurs.
L’exposition est visible jusqu’au 9 décembre, « certains enseignants du quartier ont déjà réservé 3 créneaux pour leurs classes », dont les élèves peuvent en profiter pour s’inscrire au concours. Avec des lots attractifs : un billet d’avion pour Paris, ainsi qu’un pass d’entrées libres dans 5 musées de la capitale, pour le 1er prix, un appareil photo, pour le 2ème, et une tablette numérique, pour le 3ème.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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