“L’intérêt de ce forum est de faire remonter les préoccupations de la jeunesse, dans un département où 50% de la population a moins de 18 ans” résume le sous-préfet Dominique Fossat. Le Forum de la jeunesse, une première à Mayotte, se déroulera donc tout au long de la semaine au fil de divers ateliers. Cette semaine s’organise dans le cadre des Assises de l’Outre-mer, dans lesquelles le ministère a expressément demandé à ce que la jeunesse de Mayotte ait “une place spécifique”.
Un vaste séminaire sur le sport et le handicap se déroulera de mardi à jeudi avec des représentants de pays et régions voisins : Djibouti, la Réunion, Madagascar…
Vendredi, une importante étude que les aspirations des jeunes mahorais sera exposée et discutée au cinéma Alpa Joe. Cette séquence, publique, sera l’occasion d’échanger et de participer à des tables rondes sur le sujet.
L’étude, menée par divers partenaires à Mayotte est chapeautée par le sociologue Philippe Labbé, enthousiasmé par les témoignages des 250 jeunes Mahorais interrogés. Des témoignages qui lui permettent de “singulariser cette jeunesse, il y a une multitude de jeunes.”
Au fil de cette étude, le sociologue a vu s’exprimer une “jeunesse passionnée, qui à 90% croit en ses chances de réussite, ce qui renvoie à la responsabilité des adultes. La plupart se voient à l’avenir en métropole.” Ces forces vives de Mayotte qui se préparent à partir posent aussi question selon lui.
L’étude a fait ressortir une jeunesse “écartelée entre une modernité qui les attend et un passé qui les retient”. Ainsi parmi les passions exprimées par 90% des interrogés, on retrouve le sport, football en tête, mais aussi les chants et danses traditionnels de Mayotte. En revanche, seuls 60% des jeunes au chômage disent avoir une passion. Sur 16 comportements déviants qui leur ont été énumérés, le fait de gifler sa mère est celui qui les choque le plus. Enfin, à 90%, ces jeunes sont connectés, disposent d’un smartphone et sont présents sur les réseaux sociaux. Ce partage entre la culture locale et la mondialisation, c’est le phénomène “d’aculturation” que le chercheur détaillera vendredi.
Tables rondes vendredi matin
Parmi les problématiques abordées, le sens même du terme “jeunesse”. Selon le sociologue, ce mot était il y a une ou deux générations associé au dynamisme, parfois aux excès. Depuis une génération, il a pris un sens péjoratif. “Trois vieux autour d’une voiture, c’est une panne. Trois jeunes autour d’une voiture, c’est un coup fourré” illustre Philippe Labbé.
Pour battre en brèche les idées reçues et trouver des solutions adaptées, les organisateurs ont voulu une semaine basée sur l’écoute. Ainsi samedi au CUFR, pourront s’exprimer des jeunes de toute l’île. 350 jeunes issus des 17 communes pourront s’exprimer et échanger. Certains ont été sélectionnés pour leur engagement ou leur représentativité dans une association. D’autres peuvent encore s’inscrire selon les places disponibles auprès de leur mairie, en demandant ” l’adulte relais”. Des cars transporteront tous les inscrits à Dembéni.
Ouvert au public : Vendredi 8 décembre, de 8h00 à midi au cinéma Alpa Joe : table ronde sur la jeunesse à Mayotte avec Philippe Labbé, des élus, responsables associatifs et jeunes. De 14 h à 18 h : projection de films dont à 16h 30 : Patients, basé sur l’autobiographie de Grand Corps Malade.
Y.D.
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