Des enfants dans les mains d’un groupe baptisé Kadavreski et sur des airs de rap… On pouvait s’attendre à un remake musical de la famille Adams ! Mais Del Zid, l’organisateur du spectacle qui se tenait dans l’école de Majicavo Lamir, sur les hauteurs de la mosquée, nous explique sa démarche : « C’est un rap avec des textes intéressants, il fallait proposer quelque chose de beau avec les CM1 et CM2, et non pas des propos au vocabulaire issu des banlieues ».
Il a la double casquette de « Maître Plus » dans l’école de Majicavo Lamir, et de directeur de Milatsika Emergence, du nom du festival qu’il a lancé. Pour répondre à l’appel à projet artistique et culturel annuel de la Direction des affaires culturelles (DAC), Del Zid a proposé à l’ensemble de l’équipe enseignante un projet globalisé qui a permis de faire venir le groupe Kadavreski originaire de Troyes.
Travail sur la langue
Difficile de manquer leurs longues silhouettes d’un blanc cachet d’aspirine, et leur allure déhanchée : « Nous avons travaillé deux semaines avec les enfants, à raison de 2 heures par jour pour mettre en voix leurs textes. Le contact a été très facile, mais nous avons immédiatement perçu des difficultés dans la maîtrise du français. Nous avons donc travaillé là-dessus », nous explique Krunch, qui a œuvré avec ses comparses H-Trône, Mitoff et Cécil.
Les deux classes de CM1 et deux de CM2 ont fait swinguer des objets, des sons récupérés par les musiciens en montés en morceaux… le résultat donne des regrets de ne pas travailler dans la presse audiovisuelle.
Une première dans une primaire
Les morceaux font rimer les mots « citoyen » et « copain » ou « respect » et « amitié », et un petit intermède a permis au jeune public d’entendre des prestations individuelles, « c’est ahurissant de voir ce que les enfants sont capables de produire », nous avertit Del Zid. En effet, des déclarations d’amour de Delphine ou Angela à leurs parents tout en slam, pleines d’émotion, ou de Kemal et Raphaël, aux rap de groupe, « Tendre l’oreille, ou tendre la main, ça fait du bien », « je ne veux pas me bagarrer, mais mes amis les assister »… autour du thème « Respect des autres, respect de soi » donné par Del Zid.
« C’est une première dans une école primaire. Ce n’est pas les idées ni la volonté qui manque, mais nous n’avons pas de temps à consacrer habituellement à ce genre de spectacle, ayant une classe à charge toute la journée, contrairement aux enseignants du secondaire », nous explique-t-il, témoignant qu’avec d’avantage de moyens, les écoles pourraient faire beaucoup pour développer les capacités des titis.
Nous nous éclipsons alors que les enseignants se laissent gagner par les rythmes des morceaux qui s’enchainent, et le directeur de l’école Madi Boussoury est le premier à se déhancher sur « Solidarité », ou sur « Universel » face aux élèves. !
Des prestations de qualité sur un phrasé qui se fait rare dans les bouches des jeunes par les temps agités qui courent, et sur des mélodies qui peuvent faire le buzz. Ça mériterait sans doute une diffusion auprès de l’ensemble des établissements scolaires primaires de l’île.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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